Pas une minute à perdre. À peine quelques heures après l’annonce de sa candidature à la présidence des Républicains, Bruno Retailleau a entamé sa campagne avec un premier déplacement dans un bar du quartier Montparnasse, à Paris. Informés par des boucles internes, les adhérents arrivent au compte-gouttes, tandis que les premiers soutiens se pressent sur les lieux. L’ancien secrétaire d’État Othman Nasrou, qui dirigera la campagne du ministre de l’Intérieur, fait son entrée en « ami » et en « soutien » affiché de Retailleau. Il est suivi de près par Jean-Pierre Lecoq, maire du 6e arrondissement de Paris.
Accueilli triomphalement sous les applaudissements, les « Bruno président » et les « On va gagner », Bruno Retailleau entre en scène sur les notes de The Final Countdown du groupe Europe. Et il n’est pas seul. À ses côtés, deux figures montantes des Républicains : Kristell Niasme et Elisabeth de Maistre. La première a réussi l’exploit de battre Louis Boyard aux municipales de Villeneuve-Saint-Georges, pourtant arrivé en tête au premier tour. « Quand Bruno Retailleau m’a proposé de venir, je n’ai pas hésité une seconde », confie-t-elle. La seconde a fait basculer la circonscription de Stéphane Séjourné aux LR, éliminant dès le premier tour la candidate soutenue par Gabriel Attal, Laurianne Rossi. Elle affiche sans ambiguïté son soutien à Retailleau, et non à Laurent Wauquiez, son patron à l’Assemblée nationale depuis quatre jours. Retailleau, tout juste sacré « personnalité politique de l’année » par le prix Trombinoscope, voit dans ces « deux visages de la victoire acquise en hiver » le signe d’un « renouveau printanier de la droite ».
« On l’a vraiment découvert quand il est entré au gouvernement. On place beaucoup d’espoir en lui », confie un militant, ravi de retrouver un élan après la « claque » de la dernière présidentielle. Retailleau veut « parler vrai et agir vite ». Quant aux critiques du Rassemblement national l’accusant d’être un « ministre de la parole », elles sont balayées d’un revers de main. « On siphonne leur électorat, c’est normal qu’ils attaquent », balance un soutien. « Le RN dit des choses fausses. J’aimerais les voir à l’Intérieur… À part censurer de concert avec LFI, que font-ils ? » fustige un autre.
Une élection, c’est le contraire de la guerre
Bruno Retailleau
Après le discours de leur champion, les adhérents passent déjà à l’action. Carnets en main, ils s’organisent, bloquent des créneaux pour appeler les militants et relancer les désabusés. Othman Nasrou, nommé directeur de campagne malgré quelques soupirs liés à ses précédents échecs électoraux, galvanise les troupes : « Montrons-leur qu’un chemin est possible. On va faire réadhérer ceux qui sont partis », lance-t-il. Du côté de Bruno Retailleau, la dynamique est enclenchée. Laurent Wauquiez, lui, n’a toujours pas appuyé sur le bouton.
Ira ou n’ira pas ? La question hante les rangs des Républicains. « À sa place, je ne prendrais pas le risque. Même en Auvergne-Rhône-Alpes, Bruno Retailleau est en tête dans les sondages », s’amuse un proche du ministre. Il y a six mois encore, après la dissolution et le départ d’Éric Ciotti vers le Rassemblement national, Laurent Wauquiez apparaissait comme le favori naturel. Mais depuis, la donne a changé. « Wauquiez a raté le coche et Retailleau est devenu une rockstar », tranche un militant. « Il explose le match, il est soutenu par 80 % des sympathisants », renchérit Emmanuelle Brisson, candidate à la présidence des jeunes LR.
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Maxime Renault, élu d’Argenteuil, loue l’engagement de Retailleau, qui « porte le parti malgré son poste de ministre ». Pour lui, il est le seul capable de redresser une droite « en complète désuétude », contrairement à un Wauquiez « qui ne rassemble pas ». Raphaëlle Rosa, ex-candidate aux législatives de 2024, abonde : Retailleau a « l’expérience d’un ministre » et « plus d’humilité » que son potentiel adversaire. Car pour qu’il y ait une guerre des chefs, encore faut-il être deux. Or, pour l’instant, Laurent Wauquiez n’a toujours pas officialisé sa candidature.
Si bataille il y a, Wauquiez risque d’être le seul à la mener. Car Retailleau récuse tout affrontement : « Une élection, c’est le contraire de la guerre. Voter, ce n’est pas diviser. La démocratie permet d’apaiser les tensions et de régler les choses sereinement. Je refuse de m’engager dans une guerre, ce n’est absolument pas mon tempérament. » Son entourage évoque une campagne « positive », loin des attaques personnelles.
Ce jeudi 13 février, un comité stratégique réunissant une vingtaine de cadres LR se tiendra au siège du parti. Une journée décisive pour l’avenir de la droite.
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