L’essentiel
- Un réseau d’escrocs a détourné 15 millions d’euros du Compte Personnel de Formation (CPF) en proposant de vraies ou de fausses formations, ou encore des formations dont le prix était largement surévalué, selon l’Office national anti-fraude (ONAF) de Lyon.
- Les escrocs recrutaient des stagiaires en usurpant leur identité ou en leur proposant des cadeaux en échange d’une inscription à une formation fictive, ce qui a conduit à un détournement massif au préjudice de la Caisse des dépôts et consignations.
- Une opération menée par l’ONAF et d’autres services a abouti à 19 perquisitions, la saisie de plus d’1,27 million d’euros d’avoirs criminels et l’interpellation de sept suspects mis en examen pour escroquerie, blanchiment, fraude fiscale en bande organisée et association de malfaiteurs.
Les millions d’euros qui dorment sur les comptes personnels de formation (CPF) attisent bien des convoitises et aiguisent l’imagination des escrocs. Dans les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte-d’Azur, c’est une véritable nébuleuse de vrais-faux organismes de formation qui s’était montée, parvenant à détourner 15 millions sur les quatre dernières années.
Pour ce réseau d’escrocs, le début de la fin a commencé en mai 2024, lorsque l’Office national anti-fraude (ONAF) de Lyon a mis son nez dans ses « petites » affaires. A la base, les enquêteurs partaient sur des soupçons d’escroquerie au compte personnel de formation, sans toutefois s’attendre à une fraude d’une telle ampleur. Leurs investigations ont permis aux agents de l’ONAF d’identifier une véritable « galaxie d’organismes de formation ». Ces derniers proposaient « de vraies ou de fausses formations, ou encore des formations dont le prix était largement surévalué », explique à 20 Minutes Mathieu Spanu, chef de l’ONAF de Lyon.
Pour recruter des stagiaires et vider leurs CPF, les faux organismes avaient différentes méthodes. « Soit ils usurpaient l’identité des stagiaires, soit ils proposaient des cadeaux à de vrais stagiaires en échange de leur inscription à une formation bidon », détaille le patron local de l’ONAF. En gros, on s’inscrit à la formation et on obtient le dernier iPhone, un ordinateur ou même une somme d’argent. La différence était conservée par l’organisme. « Si on ne peut pas vraiment parler de complicité des stagiaires, on sait très bien que certains s’inscrivaient en connaissance de cause, uniquement pour le cadeau », affirme Mathieu Spanu.
La combine était bien rodée puisqu’elle a permis aux escrocs de détourner plus de 15 millions d’euros en « trois à quatre ans » au préjudice de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), organisme chargé d’administrer les fonds publics alloués au CPF.
Notre dossier «formation professionnelle»
Sauf qu’avec l’ONAF sur ses talons, le réseau est finalement tombé le 28 janvier dernier. Sur le territoire d’action des escrocs, en Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte-d’Azur, une cinquantaine d’agents de l’ONAF et d’autres services, dont le Raid, ont mené 19 perquisitions. Outre les éléments de preuve recueillis, ces actions ont permis la saisie de plus d’1,27 million d’euros d’avoirs criminels et l’interpellation de sept suspects « pas forcément connus de la justice ». Tous ont été mis en examen pour « escroquerie, blanchiment, fraude fiscale en bande organisée et association de malfaiteurs » et trois ont été placés en détention provisoire.