![« Mon challenge : proposer une série qui plaise à tout le monde », Dan Fogelman](https://www.lejdd.fr/lmnr/rcrop/375,250,FFFFFF,forcey,center-middle/img/var/jdd/public/styles/paysage/public/media/image/2025/02/12/12/paradise-5-1.jpg?VersionId=h0sj8eB0hUcwtvOHgpKw3R2OqYsGNzQh)
Difficile de résumer une série dont tout le sel repose sur les mystères qui entourent son scénario et les fausses pistes qui jalonnent ses huit épisodes ! À l’image du premier qui s’achève justement par un « twist » des plus inattendus : l’agent Xavier Collins, des services secrets, découvre le cadavre du président des États-Unis gisant au beau milieu de sa chambre. À Washington ? Non, à l’intérieur de sa villa située dans une petite ville secrète (dont l’apparente tranquillité rappelle Wisteria Lane de Desperate Housewives) réservée aux personnalités les plus riches et les plus puissantes de la planète. Dans cette communauté ultra-aseptisée où rien ne dépasse, c’est alors la panique à bord…
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Tout démarre donc comme un thriller paranoïaque classique, efficace certes, mais sans originalité ni grand relief. Sauf que de nombreux indices suggèrent que l’intrigue, sous son vernis, est probablement beaucoup plus dense qu’on ne pourrait le croire. Notre héros souffre en effet de troubles de la mémoire qui semblent promettre un éclairage essentiel, et les différents protagonistes se comportent d’une façon si énigmatique que l’on sent bien qu’un « loup » s’apprête à pointer le bout de son museau… Quant aux flashbacks constants, au-delà de dessiner les contours d’un potentiel complot, voire d’une conspiration de grande envergure, ils présentent habilement l’histoire des personnages (ainsi que leurs failles), et ce qui les lie.
Une dimension déconcertante
Une stratégie narrative essentielle ici pour décrypter notamment la relation entre l’agent des services secrets et le président. Et qui n’est pas sans rappeler, dans un tout autre registre, celle de This is Us (2016-2022), cette série qui nous plongeait dans les « entrailles » d’une famille américaine en multipliant les allers-retours dans le temps. C’est en effet son créateur, Dan Fogelman, que l’on retrouve à la baguette pour orchestrer ce Paradise ô combien déconcertant. Un scénario qu’il dit avoir commencé à imaginer il y a une décennie en réfléchissant à la façon dont réagiraient les gens à l’annonce d’une catastrophe mondiale.
« Pour rendre l’ensemble addictif, j’ai écrit cette histoire avec la volonté de fédérer, expliquait-il à l’occasion de l’avant-première de la série organisée au Pathé Palace de Paris. Dans le monde d’aujourd’hui, on a trop pris l’habitude d’être sur nos téléphones pendant que notre conjoint regarde autre chose. Mon défi était donc de proposer une série qui plaise à tout le monde. » Objectif atteint ? Pas sûr : la dimension dystopique qui s’impose au fil des épisodes est par essence clivante, et pourrait même s’avérer rebutante pour certains.
Une belle profondeur
Au fur et à mesure qu’il noircissait ses pages, le showrunner n’a eu qu’un nom en tête pour incarner son agent des services secrets : Sterling K. Brown, déjà au générique de This is Us qui l’a révélé. En parcourant le scénario, ce dernier dit avoir « aussitôt reconnu la patte de celui avec qui il est ami dans la vie » et admet être « tombé de sa chaise à chaque “twist” ». Son interprétation confère à son personnage une belle profondeur qui humanise un récit parfois trop « grand spectacle », flirtant constamment avec l’invraisemblable. « C’était de la haute voltige, racontait l’acteur sur le tapis rouge du Pathé Palace. Car ces enjeux de vie et de mort auxquels nous étions confrontés en tournant la série n’étaient pas évidents à appréhender. D’autant plus que mon rôle est celui d’un homme qui doit rester concentré en toutes circonstances malgré la tension qui monte. »
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Truffé de références et d’inspirations assumées, Paradise apparaît comme un concentré des séries qui ont marqué son créateur : le cultissime Lost (2004-2010) de J. J. Abrahams, qui a clairement influencé la mécanique des flashbacks utilisés ici aussi à outrance, comme le récent Silo, qui met en scène des survivants post-apocalypse confinés sous terre, ou encore certains épisodes de Black Mirror. Annoncé comme l’un des événements de ce début d’année, Paradise tient ses promesses. À condition de ne pas être allergique au genre. D’autant que sa réalisation impeccable et son casting particulièrement réussi ne gâchent rien.
Paradise ★★, de Dan Fogelman, avec Sterling K. Brown, James Marsden, Julianne Nicholson. Huit épisodes de 50 minutes. Disponible.
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