La France insoumise (LFI) voit grand pour 2026. Les municipales de 2020, marquées par la victoire des écologistes dans plusieurs grandes villes dont Lyon et Bordeaux, donnent des idées au mouvement de Jean-Luc Mélenchon.
Après l’échec de Louis Boyard à l’élection municipale partielle de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), le 2 février dernier, Sébastien Delogu réfléchit ainsi à déposer sa candidature à Marseille. « Dès qu’un programme politique sera mis sur la table, il y aura une liste LFI. À ce moment-là, on verra qui veut s’y projeter », a confié le député marseillais à La Provence, lundi 10 février. L’élu, qui s’est distingué l’année dernière par de nombreux coups d’éclat (il a notamment brandi un drapeau palestinien à l’Assemblée nationale et traité de « pourritures » le syndicat Alliance Police nationale), est loin d’être le seul Insoumis à viser la mairie d’une grande ville.
LFI ne cache pas ses ambitions dans d’autres municipalités, en particulier celles aux mains des socialistes – avec lesquels la rupture semble, plus que jamais, consommée – et des écologistes, comme Brest, Rennes ou Bobigny. À Nantes, ce samedi 8 février, le parti a d’ailleurs lancé une « grande enquête populaire ». Une façon de faire du porte-à-porte auprès des habitants, afin de réunir des idées et des propositions en vue d’un potentiel programme local dans ce bastion historique du parti à la rose.
LFI, capable de gagner seule ?
En octobre dernier, le député LFI David Guiraud avait déjà officiellement annoncé sa candidature à la mairie de Roubaix (près de 100 000 habitants) pour les élections municipales de 2026. Pour cela, il compte rassembler au maximum et peut-être former une coalition à gauche. « Je veux ouvrir largement cette campagne, le but ce n’est pas seulement de gagner, mais ensuite d’exercer le pouvoir. Et je ne veux ni gagner seul, ni gouverner seul », affirmait-il à La Voix du Nord mi-octobre.
Cette stratégie d’alliance pourrait être inévitable pour LFI. Selon le politologue Christophe Boutin, l’échec de Louis Boyard à Villeneuve-Saint-Georges a prouvé qu’une liste indépendante du parti de gauche radicale n’arrivait pas à convaincre. « On a vu les difficultés qu’il y avait pour fonctionner de manière indépendante pour La France insoumise. Les reports de voix se font plutôt mal », analyse le professeur de droits publics à l’Université de Caen auprès du Journal du Dimanche. Reste l’épineuse question des relations avec les socialistes : les critiques des Insoumis, après le refus du PS de voter leurs motions de censure contre le gouvernement Bayrou, ont été d’une telle violence que le député Jérôme Guedj a assuré qu’il « n’y aura plus jamais d’alliance »entre son parti et LFI…
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2027 en ligne de mire
En s’emparant des mairies de grandes villes, LFI entend se créer « une vitrine politique » afin de montrer que son programme « peut être appliqué localement sans un effondrement », estime Christophe Boutin. Il s’agit ainsi d’un moyen de faire ses preuves sur le terrain pour les Insoumis, avant que Jean-Luc Mélenchon ne se lance très probablement dans la course à la présidentielle de 2027.
« C’est une façon de s’étendre, d’obtenir une respectabilité, de montrer qu’on peut être autre chose que de l’opposition », ajoute le politologue, qui ne croit toutefois pas que des victoires aux municipales puissent garantir des voix à la présidentielle. En tout état de cause, les Insoumis veulent « montrer qu’ils peuvent y arriver seuls ». Le risque, avec une telle exposition, est cependant de devenir davantage encore « un repoussoir politique », au vu des nombreuses sorties polémiques dont font preuve les membres du mouvement.
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