La nouvelle tombe quelques heures seulement après un comité d’entreprise européen organisé par le géant de l’industrie de l’acier : Matthieu Jehl, directeur général d’ArcelorMittal France depuis 2021, a remis sa démission, a appris le JDD, ce mercredi 12 février.
« ArcelorMittal confirme que Matthieu Jehl, directeur général d’ArcelorMittal France, a décidé de quitter l’entreprise pour poursuivre une opportunité en dehors du groupe. Le nom de son successeur sera annoncé en temps voulu », nous indique l’entreprise, précisant qu’ArcelorMittal France ne regroupe que les activités du Nord et de l’Est de la France – pas le Sud, désigné par ArcelorMittal Méditerranée.
Cette annonce intervient après que l’entreprise de sidérurgie a évoqué, ce mardi 11 février, son intention de délocaliser une partie de ses « activités support » (c’est-à-dire ses activités de gestion) d’Europe vers l’Inde. « L’industrie européenne de l’acier est confrontée à un certain nombre de défis majeurs qui menacent l’avenir de la production d’acier sur le continent », a affirmé le groupe, réagissant aux nouvelles déclarations de Donald Trump, qui intensifie la guerre commerciale dans le secteur. Ce lundi 10 février, le président américain a en effet signé deux décrets instituant des droits de douane de 25 % sur l’acier et l’aluminium – à compter du 12 mars prochain.
Alors que le secteur en Europe est également déstabilisé par la surproduction chinoise, la branche européenne d’ArcelorMittal « se mobilise pour relever ces défis, notamment en se concentrant sur la poursuite de la réduction des coûts qui ne sont pas directement liés à la production d’acier », a encore souligné l’entreprise, sans chiffrer, à ce stade, les suppressions de postes potentielles.
Bien qu’ArcelorMittal assure qu’« aucune activité de production d’acier ne sera déplacée de l’Europe vers l’Inde dans le cadre de cette initiative », les inquiétudes persistent chez les salariés, déjà remontés après l’annonce, faite il y a quelques mois, de la suspension des projets de décarbonation des usines du groupe dans l’Hexagone. « Si on ne décarbone pas en France, ArcelorMittal ira faire son acier ailleurs », a déploré Jean-Marc Vecrin, coordinateur CFDT pour ArcelorMittal en France.
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À ce stade, les raisons ayant motivé la démission de Matthieu Jehl demeurent floues. Mais dans ce contexte explosif, cette nouvelle information « n’annonce rien de bon », pointe une source proche du dossier auprès du JDD. « C’est vraiment tout sauf rassurant. Peut-être qu’il ne voulait pas affronter la tempête sociale à venir. La période Florange a traumatisé plus d’un directeur », poursuit ce fin connaisseur du secteur, faisant allusion à l’âpre lutte syndicale menée en 2012 sur le site mosellan de l’entreprise, qui s’était conclue par la fermeture de ses hauts-fourneaux…
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