![Drapeau algérien](https://www.lejdd.fr/lmnr/rcrop/375,250,FFFFFF,forcey,center-middle/img/var/jdd/public/styles/paysage/public/media/image/2025/02/12/14/sipa_ap22404070_000008-1.jpg?VersionId=_GSKQxhvwpBy..D_CISqDhUZYSN8FeNr)
Benoît Piètrement, président du conseil spécialisé « grandes cultures » de l’établissement public FranceAgriMer, avait lancé l’alerte en novembre dernier. Le marché algérien est « quasi, voire complètement fermé » aux exportations françaises de blé, avait-il par la suite déclaré, mi-janvier.
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Une évolution spectaculaire : « En 2022, la France était le deuxième fournisseur agroalimentaire de l’Algérie, lui apportant près de 14 % de ses besoins », rappelle la journaliste Emmanuelle Ducros, dans L’Opinion. Parmi les produits agricoles importés par Alger : des céréales, produits laitiers, produits bovins et volailles essentiellement. Or, relève l’éditorialiste d’Europe 1, « aujourd’hui, la France a été volontairement sortie du marché. » Cette dégringolade a commencé bien avant les récentes tensions liées aux déclarations d’Emmanuel Macron sur le Sahara occidental et à l’arrestation l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal ; selon Thierry Pouch, chef économiste des Chambres d’Agriculture, « le total de nos exportations agricoles vers l’Algérie s’élevait à 1,3 milliard d’euros en 2022. Fin 2023, cette somme avait été divisée par deux, à 628 millions d’euros. »
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Les exportations de blé français en chute libre
Le secteur des céréales, en particulier,est frappé de plein fouet par cette dynamique. « En 2018, la France fournissait à l’Algérie 5,4 millions de tonnes de grains, soit 80 à 90 % de ses besoins. En 2021, ce n’était plus que 2,1 millions de tonnes. Et en 2023, 608 000 tonnes », égrène Thierry Pouch. Les chiffres de 2024, non encore dévoilés, avoisineraient les 400 000 tonnes. Une tendance appelée à se renforcer en 2025 : « Les professionnels s’attendent à ce qu’ils soient quasiment nuls », révèle Emmanuelle Ducros.
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Le différend diplomatique entre Paris et Alger, qui a éclaté après la reconnaissance par le président de la République française de la « marocanité » du Sahara occidental, semble avoir accéléré cette tendance : l’origine France a ainsi été évincée de la commande publique algérienne en juillet dernier.
Le Synacomex, le syndicat français des exportateurs de céréales, « déplore une discrimination ciblée et flagrante » après que l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) a refusé d’accréditer les sociétés françaises du secteur céréalier, le 9 octobre dernier. Une attitude réitérée par les autorités algériennes le 24 décembre, lors du lancement d’appel d’offres : « Les sociétés françaises ne sont plus appelées. Elles envoient leurs offres, elles se perdent. Et on ne peut rien dire, il n’y a aucune preuve », affirme le syndicat, cité par L’Opinion.
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Le blé russe et ukrainien préféré au blé français
Jusqu’alors fortement dépendante de la France pour son accès aux céréales, l’Algérie a opté pour un changement radical. Désormais, près de 80 % à 90 % du blé importé sur le sol algérien provient de la région de la mer Noire. Il s’agit essentiellement de céréales russes et ukrainiennes. Une stratégie d’éviction du blé français initiée initiée il y a « trois ans », fait valoir le Synacomex. Le syndicat révèle en outre ainsi que l’État algérien, jusqu’alors intransigeant à l’égard de la France « sur la présence de punaises dans les grains, qui rend les blés moins panifiables, a assoupli son cahier des charges », rapporte L’Opinion. « Elle l’a fait pour pouvoir bénéficier des prix bas de Vladimir Poutine », assure le syndicat.
La filière céréalière française n’est pas la seule concernée par l’attrition commerciale menée par Alger. La filière bovine semble elle aussi subir les conséquences du raidissement diplomatique du président Tebboune. Depuis juillet dernier, « plus rien ne part »,déplore un porte-parole d’Interbev, l’Association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes. Idem concernant la filière laitière, qui sur l’ensemble de l’année 2024, a vu ses exportations chuter de près de 25 % par rapport à l’année précédente. Une situation qui inquiète les industriels français ; ceux-ci ne manquent d’ailleurs pas de s’en plaindre à la représentation de l’UE à Alger.
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