De Brady Corbet, avec Adrien Brody, Guy Pearce et Felicity Jones. 3h34.
Laszlo Toth, architecte juif né en Hongrie et rescapé des camps de concentration, émigre aux États-Unis pour y refaire sa vie. Sa femme Erzsébet et sa nièce, bloquées en Europe de l’Est, ne devraient pas tarder à le rejoindre en Pennsylvanie. Il accepte un chantier qui relance sa carrière : concevoir une bibliothèque pour un riche industriel… Brady Corbet raconte l’histoire sur trente ans de ce réfugié idéaliste et de son rêve américain, entaché par la relation toxique qu’il entretient avec son mécène. Le tout premier plan séquence, où la caméra passe de l’obscurité de la cale d’un bateau à la lumière du jour sur le pont, où le héros aperçoit la statue de la Liberté, est saisissant. Et donne le ton de cette fresque monumentale qui parle du déracinement et de la reconstruction d’un homme meurtri par l’antisémitisme, la misère, l’alcoolisme et la toxicomanie, le mépris des nantis.
On ne voit pas le temps s’écouler pendant 3h34 ! Grâce à une mise en scène d’une ampleur et d’une maîtrise sidérantes, une photographie sublime, une interprétation habitée, une histoire passionnante, même si les émotions sont tenues à distance. Un sacré morceau de cinéma, impitoyable, imprévisible et singulier. S. B.
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Bridget Jones : folle de lui ***
De Michael Collins avec Renée Zellweger, Leo Woodall. 2h04.
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Quatre ans après la mort de son mari Mark, Bridget s’est consacrée entièrement à ses deux enfants. Ses amis la convainquent que le temps du deuil est terminé : elle reprend le chemin des plateaux de télévision et découvre Tinder. Dans le quatrième volet des (més) aventures de celle qui est devenue en vingt ans notre meilleure copine, Renée Zellweger continue de se glisser avec une maladresse attendrissante dans les tenues de l’ancienne célibattante qui a pris de l’âge, mais n’a perdu ni son charme ni son humour dans cette suite qui fonctionne à la nostalgie : dialogues toujours crus et mordants, même bande de copines délurées, le légendaire slip-gaine et Hugh Grant qui fait encore son show. B. T.
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De Roberto Minervini, avec René W.Solomon, Jeremiah Knupp. 1h29.
Dans ce beau film de guerre anti-belliciste mâtiné de western hivernal où l’on suit une compagnie de tuniques bleues explorant les régions de l’Ouest sauvage en plein conflit sécessionniste. Que ceux qui espèrent assister à un spectacle comme l’Oncle Sam en produit souvent quand il s’agit de fictionner son histoire rebroussent chemin. Ici, pas de héros ni de morceaux de bravoure : le spectateur ne verra qu’une seule mais longue et ultraréaliste bataille lors de laquelle l’ennemi restera tapi dans les bois. Dans cet âpre et contemplatif récit de survie à l’esthétique travaillée, (lumière, objectifs grand angle), récompensé du Prix de la mise en scène à Cannes à Un Certain Regard, le réalisateur Roberto Minervini démystifie tout un pan de l’imaginaire américain et la guerre en général avec une approche immersive et détailliste, étonnamment envoûtante aussi. Bap. T.
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Le Mohican ***
De Frédéric Farrucci, avec Alexis Manenti, Mara Taquin. 1h27.
Joseph, l’un des derniers bergers du littoral Corse, voit son quotidien bouleversé quand un homme appartenant au milieu lui propose de racheter son terrain pour un projet immobilier. Menacé, il le tue accidentellement. Après A son image de Thierry de Perreti et Le Royaume de Julien Colonna, ce film de traque où un homme ordinaire devient malgré lui un héros, et même une légende, avec le soutien de sa nièce active sur les réseaux sociaux témoigne à son tour de la vitalité du cinéma insulaire. Dans les magnifiques et sauvages paysages corses, Frédéric Farrucci convoque les codes du western pour embarquer le spectateur aux côtés d’un excellent Alexis Manenti qui livre une prestation très physique tout du long de ce récit aussi intense qu’engagé. Bap. T.
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Prima la vita ***
De Francesca Comencini, avec Fabrizio Gifuni, Romana Maggiora Vergano. 1h50.
Cinéaste de l’enfance travaillant sur sa mini-série Les Aventures de Pinocchio, Luigi Comencini entraîne sa fille cadette dans son univers magique. Jusqu’à ce que celle-ci devienne une jeune femme. Francesca Comencini convoque ses souvenirs, mais uniquement ceux les concernant tous deux (sa mère et ses sœurs y sont absentes), avec ce que cela a de parcellaire et d’intime dans ce beau récit initiatique (la figure de Pinocchio n’y est pas si présente pour rien) où elle revient sur ses années de dépendance à l’héroïne et sur la difficulté de s’inscrire dans la lignée d’un réalisateur aussi important. Un conte poétique bien incarné, aussi inspiré dans la forme qu’il est émouvant sur le fond, tout à la fois déclaration d’amour à ce père auquel elle doit tant et à l’art qui est le leur. Bap. T.
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Strip-tease intégral **
De Jean Libon, Clémentine Bisiaux, Régine Dubois, Séphanie De Smedt, Mathilde Blanc. 1h30.
Des influenceuses accrocs à la chirurgie esthétique, une mère de famille à cheval sur le zéro déchet, une aspirante humoriste au Festival d’Avignon, un homme hypocondriaque et un médecin légiste aux activités nocturnes insoupçonnables. Après Ni juge, ni soumise (2018) et Poulets frites, la cultissime émission belge créée par Jean Libon et Marco Lamensch revient au cinéma dans le format (pas de voix-off, d’entretiens avec ses sujets, ni musique) qui a fait son succès. Un échantillon d’humanité, dans ce que celle-ci peut avoir de pathétique ou de touchant, à l’intérêt variable selon les segments qui agacent, amusent, interrogent ou surprennent. Bap. T.
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Le dernier souffle **
De Costa-Gavras, avec Kad Merad, Denis Podalydès. 1h39.
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’à travers ce dialogue entre un philosophe chez qui a été détecté une tâche lors d’un examen au scanner et le chef de service d’une unité de soins palliatifs, incarnés par Denis Podalydès et Kad Merad (tous deux formidables), le cinéaste de 91 ans s’empare d’un sujet difficile et, bien qu’il nous concerne tous, peu vendeur. Il n’en est pas moins profond et émouvant, parfois lumineux et poétique même. Sans le réduire à une seule succession de patients confrontés à leur finitude non plus, son dispositif peut finir par sembler redondant, mais c’est autant dans la diversité des réactions, des choix et de l’accompagnement de ceux-ci que dans la délicatesse avec laquelle Gavras saisit ces derniers moments que réside sa force. Bap. T.
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