Après avoir brillé dans les catégories de jeunes, la native de Pontarlier a découvert relativement tard la Coupe du monde élite. Pour sa première saison pleine (2022-2023) à 24 ans, elle goûte à trois reprises aux joies de la victoire en relais. La saison suivante, elle ouvre son compteur individuel (quatre succès) et termine dauphine du classement général. Avec déjà six courses remportées cet hiver, la Doubiste est devenue la concurrente à battre.
Aux championnats du monde en Suisse (du 12 au 23 février à Lenzerheide, dans les Grisons), elle défendra ses titres planétaires en relais féminin et en duo mixte. Lou Jeanmonnot-Laurent (elle tient à accoler le nom de famille de sa mère même s’il ne figure pas sur les dossards) espère surtout faire mieux dans les épreuves en solo : elle avait décroché l’an dernier le bronze en sprint et sur la mass start. Cette adepte des tatouages, qui a le grade de sergent (elle a un contrat de sportive de haut niveau avec l’armée de Terre), a pris le temps d’évoquer pour le JDD entre deux entraînements son actualité et sa personnalité.
Le statut de numéro un tricolore
« On a une équipe de France tellement dense, on est toutes tellement capables de faire des podiums et de gagner que je ne pense pas qu’on puisse détacher l’une de nous plutôt qu’une autre. Imaginer que ma place est acquise tout en haut serait faux. C’est loin d’être immuable, et je peux très bien me retrouver tout d’un coup dernière Française d’une course. Encore une fois, on est tellement toutes très performantes (lire ci-dessous) ! »
L’objectif d’un titre en solo
« J’avoue ne pas trop penser aux résultats. J’ai envie de profiter des Mondiaux au jour le jour. J’aimerais ramener un titre individuel, mais j’ai beaucoup plus envie de réussir de belles courses que de décrocher une médaille. Je ne sais pas si vous voyez la nuance… »
La course individuelle qu’elle préfère
« La mass start. Pourquoi ? Parce que c’est le stress d’un départ groupé et c’est une course à quatre tirs, ce que je préfère [12,5 kilomètres à parcourir entrecoupés de deux séances couchées puis de deux séries de tirs debout, NDLR]. La notion de stratégie y est aussi un peu différente des autres épreuves individuelles. Je trouve la mass start plus sympa. »
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Le tir ou le ski ?
« Ma force est d’être relativement polyvalente. Je n’ai pas les meilleurs temps de ski ni les meilleures statistiques de tir. Tous mes curseurs, sans être les plus hauts, sont relativement élevés. Ils m’aident à avoir des résultats réguliers. »
L’attachement à sa carabine
« C’est autant par superstition que par affection pour cet objet très symbolique. Ce n’est pas comme les skis que l’on change régulièrement, on court rarement deux fois avec les mêmes. Notre carabine, c’est un peu une extension de nous-mêmes. J’ai changé une fois la crosse, il y a trois ou quatre ans. Mais je l’ai conservée et elle me sert de plan B en cas de casse. »
L’armée de champions
« En matière d’entraînement militaire, je dirais que je suis le sergent avec le moins de compétences, comme tous les sportifs de haut niveau. Intégrer l’armée permet de participer à des stages de cohésion, de passer des bons moments, d’essayer des choses originales. On pratique uniquement le côté fun de l’armée, si je puis dire. Se rouler dans la boue, faire du tir, un entraînement commando, c’est presque un jeu.
Il y a aussi la dimension financière. L’armée nous apporte un soutien. Grâce à elle, je suis passée d’une fille qui ne gagnait pas d’argent et qui n’était pas professionnelle entre guillemets, à une fille qui est payée pour pratiquer son sport. Ce qui permet une implication à 100 %. »
L’image sympathique qu’elle renvoie
« Je n’ai pas envie de me lancer des fleurs (rires). Je crois que je parviens à rester moi-même. Je me rappelle mes premières interviews à la télévision. C’était assez intimidant. J’avais l’impression de ne pas être à ma place et, dans ces conditions, c’est assez facile de ne plus être vraiment ce que l’on est. Maintenant, avec l’habitude, j’arrive à être relativement authentique. »
Le site inédit des Mondiaux
« J’y ai couru dessus chez les juniors, me semble-t-il. Il est assez récent au plus haut niveau. C’est une bonne chose. Ça met tout le monde sur un pied d’égalité. Les anciennes sont peut-être un peu moins privilégiées que les nouvelles. Après, ça reste un stade de biathlon traditionnel et en deux jours, on arrive à l’appréhender et à le comprendre. »
La Franche-Comté, terre de biathlon
« Le sport régional, c’est le ski de fond bien plus que l’alpin. Pour la reconnaissance, pour la plus grande facilité de trouver des sponsors et pour les encouragements du public, c’est ma chance d’être Franc-Comtoise. »
La passion des tatouages
« Je n’ai qu’un tatouage en rapport avec le ski, mon tout premier. Je vis, je mange, je respire biathlon, tout tourne autour de mon sport. Je ne ressens donc pas du tout le besoin de l’encrer sur ma peau et je n’ai pas l’intention de faire un tatouage en souvenir des Mondiaux ! »
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