![Les ingénieurs s’appuient sur l’IA pour optimiser l’espace des futurs navires de guerre.](https://www.lejdd.fr/lmnr/rcrop/375,250,FFFFFF,forcey,center-middle/img/var/jdd/public/styles/paysage/public/media/image/2025/02/09/23/navire.jpg?VersionId=fYPObaP8T6vtBzBgkNFFmVV3P2hXSbQ6)
À l’horizon 2040, le successeur du Charles de Gaulle deviendra le nouveau joyau des armées tricolores. D’une longueur de 305 mètres, le porte-avions nouvelle génération (Pang) sera plus imposant que son prédécesseur, au point de devenir le plus grand bâtiment de guerre jamais construit en Europe. Bien que sa conception fasse encore l’objet de réflexions, les ingénieurs s’appuient déjà sur l’intelligence artificielle (IA) : « Elle permet de proposer une meilleure optimisation possible de l’espace du navire, comme l’endroit où l’on va placer le réseau informatique », explique un conseiller militaire au JDD.
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Si le futur porte-avions sera mis en service lors de la prochaine décennie, le virage de l’IA dans l’armée est à mettre au présent. L’objectif ? Accroître la précision, la rapidité et l’efficacité des systèmes militaires. Un recensement récent du ministère des Armées a identifié 400 cas d’usages concrets dans divers domaines. Parmi eux, le métier d’« oreille d’or », essentiel à la guerre acoustique, bénéficie directement des apports de l’IA. Alors que l’augmentation du trafic maritime et le volume croissant de données complexifient le travail des analystes, l’IA permet de traiter et de filtrer les informations pour concentrer l’attention sur les signaux pertinents, comme les navires de guerre. « Les premiers retours d’expérience montrent un gain de temps de près de 98 % », explique le ministère des Armées. Une telle rapidité permet « au sous-marin d’adopter le meilleur comportement avec un préavis sur l’adversaire », détaille le commandant Vincent Magnan, directeur du Centre d’interprétation et de reconnaissance acoustique de la Marine.
L’IA apporte une aide aux pilotes en formation, au renseignement…
Au sein de l’armée de Terre, des ingénieurs ont équipé le véhicule blindé Griffon d’un outil basé sur l’IA capable de repérer des ennemis cachés jusqu’à trois kilomètres des capteurs. « Pour les opérateurs, cela se matérialise par un rectangle rouge autour de l’adversaire qu’ils peuvent suivre en temps réel », développe le ministère. Pour l’armée de l’Air et de l’Espace, l’IA apporte une aide au pilotage pour les pilotes en formation sur simulateur avec une optimisation de trajectoire. D’autres domaines, comme le renseignement, sont aussi aidés par l’IA.
Si la France ambitionne de devenir la première puissance militaire de l’IA en Europe et dans le Top 3 mondial, à quel niveau se situe-t-elle face aux autres puissances ? « Difficile de répondre car les capacités de chacun sont peu connues. De plus, l’intelligence artificielle est vaste, tout dépend des domaines que l’on évoque », estime Léo Péria-Peigné, chercheur au Centre des études de sécurité de l’Ifri (Institut français des relations internationales).
Depuis 2024, le ministère des Armées est doté d’une stratégie ministérielle sur l’intelligence artificielle. Lancée par Sébastien Lecornu, son objectif est de répandre l’IA dans les missions opérationnelles comme dans les tâches administratives. Pour réaliser ce saut technologique, le ministre a lancé l’Agence ministérielle pour l’IA de défense (Amiad). Autre priorité pour l’armée : disposer, fin 2025, de son propre supercalculateur capable de traiter des données « secret défense ». Cet ordinateur de grande puissance, composé de plusieurs dizaines de milliers de processus, sera le plus important en Europe dédié à l’IA et classifié. Côté financement, deux milliards d’euros seront dédiés au domaine d’ici à 2030.
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