![Au sein de l’armée de l’Air et de l’Espace, l’IA apporte déjà une aide au pilotage pour les pilotes en formation.](https://www.lejdd.fr/lmnr/rcrop/375,250,FFFFFF,forcey,center-middle/img/var/jdd/public/styles/paysage/public/media/image/2025/02/10/11/080_hl_edervaux_2289864-1.jpg?VersionId=LXwijmtZ2PULCE0rzOLsuracg6g77.k7)
C’était en septembre 2021, à la huitième table ronde du Beauvau de la sécurité. L’ancien patron des policiers, Frédéric Veaux, concédait sans ambages que la « maison bleue » avait accumulé « un certain retard » en matière de nouvelles technologies, en particulier d’intelligence artificielle (IA). « Trois ans et demi plus tard, nous sommes en train de le combler », assure la contrôleuse générale Adeline Champagnat, conseillère technologies et numérique au cabinet du directeur général de la Police nationale (DGPN).
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Faire des recherches d’identité
Les Jeux olympiques sont passés par là et ont fait office d’accélérateur de particules. Pour la première fois, la « vidéo augmentée » y a été autorisée pour détecter la présence d’objets abandonnés, les départs de feu ou encore les inversions de mouvements de foule. Aujourd’hui, « l’IA est entrée dans le quotidien des forces de l’ordre », poursuit Adeline Champagnat. Exemple : le fichier de Traitement des antécédents judiciaires (TAJ) est désormais doté d’une fonction IA permettant de faire, dans un cadre bien précis, des recherches d’identité sur la base de photographies. Ou encore, le « Système V » utilisé par la Police judiciaire est un logiciel qui dispose d’un moteur IA qui permet aux enquêteurs d’exploiter des bandes de vidéosurveillance pour détecter plus rapidement des véhicules ou des silhouettes.
Face au ministère des Armées qui fait figure de « bon élève » en matière d’IA, la place Beauvau a dû, bon gré mal gré, s’y mettre aussi. Pas évident pour une administration tournée quasi exclusivement vers l’urgence et au sein de laquelle les budgets sont d’abord fléchés vers l’amélioration du quotidien des troupes. « Contrairement au renouvellement d’une flotte automobile ou de gilets pare-balles, l’IA est perçue comme relativement éloignée des besoins immédiats des policiers », fait remarquer Benoît Fayet, consultant Défense et Sécurité chez Sopra Steria Next.
Et pourtant… cet expert, par ailleurs membre du comité stratégique du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure (CRSI), estime qu’en développant davantage les outils rédactionnels d’IA, les enquêteurs pourraient gagner jusqu’à un tiers de temps de garde à vue.
Retranscrire des auditions filmées
Les gendarmes travaillent déjà sur une soixantaine de projets d’IA. Parmi les plus aboutis, déployés dans certaines brigades, figure la retranscription des auditions filmées des mineurs victimes. « Pour une heure d’audition, il fallait huit heures de retranscription. L’IA nous propose une version écrite que nous remodelons. Le gain est de deux à quatre heures », se félicite le général Marc Boget, directeur de la stratégie numérique et technologique de la Gendarmerie nationale.
Cette dernière est par ailleurs en train de créer une sorte de ChatGPT interne – « IAccueil » – à destination de ses propres troupes au contact du public. Si un citoyen se présente pour poser une question sur un problème de voisinage relevant du Code de l’urbanisme, le planton n’aura pas forcément la réponse. « L’idée est que l’IA la lui apporte en s’appuyant sur les ressources internes, le Code pénal, la documentation professionnelle, les notes, etc. », détaille le général Boget.
Loin des fantasmes, l’IA des forces de sécurité intérieure ne parvient pas encore à trouver le colonel Moutarde avec la clé anglaise dans le jardin d’hiver. Elle reste cantonnée à l’aide décisionnelle, au raccourcissement des délais de traitement ou à la gestion des ressources humaines. Pour l’heure, il n’est pas question de reconnaissance faciale en raison de sa faible acceptation sociale. Avec ce paradoxe que beaucoup confient sans sourciller leur visage à leur téléphone portable…
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