Ce fut hier, samedi 8 février 1992, une grande première dans l’histoire de la République quand le président Mitterrand fit six fois une « ola » avant de proclamer l’ouverture des XVIe Jeux olympiques d’hiver d’Albertville et de la Savoie tout entière. « On attendait cette cérémonie, note Lionel Cartegini, à la ‘‘Une’’ du JDD, comme on attend l’apparition du petit Jésus. On ne fut pas déçu. » Le fait est que la mise en scène réalisée par le chorégraphe, Philippe Decouflé, fut grandiose. Il avait pensé large et son show, très BD, s’adressait prioritairement à une centaine de chaînes de télévision et à leurs deux milliards de téléspectateurs. Déjouant les époques et les modes, son spectacle fut « dévorant, bruyant, magnifique, presque trop plein d’imaginaire ».
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Pour beaucoup, ce fut un choc de voir ces acrobates suspendus à un mât par des élastiques, ces percussionnistes attachés à une grue au-dessus des 35 000 spectateurs, ces athlètes swinguant au rythme des accordéonistes, ces costumes délirants comme ces femmes habillées en « boules de neige ». « Pour d’autres, ajoute Cartegini, ce fut de l’aspirine contre la morosité, une grande claque aux poujadistes de la première heure et aux météorologues de la catastrophe. »
Bref, une nuit magique. Magique comme le nom de la mascotte de ces Jeux représentant un lutin en forme d’étoile conçu par le plasticien, Philippe Mairesse. Reprenant les couleurs du drapeau français, il possède un bonnet rouge et son costume est bleu. A cappella, Séverine, 11 ans, a chanté la plus émouvante des « Marseillaise ». Un rêve diaphane, aérien, jeune, poétique et joyeux. Sans compter la surprise de dernière minute.
Ils sont plus de 2 000 athlètes venus de 64 pays pour se disputer 330 médailles
C’est Michel Platini, le footballeur que le monde nous a envié, qui porte le dernier la flamme, partie d’Olympie depuis cinquante-sept jours. Ovation, émotion, frissons. Un instant, la flamme bégaie dans le noir, s’allume puis s’embrase dans le soir. Grande nuit, belle nuit. La patineuse, Surya Bonaly, très émue, prête serment. Dans les yeux de Michel Barnier et de Jean-Claude Killy, les deux coprésidents, de la fierté, de la lumière. Ils ont déjà gagné leur pari. Le 17 octobre 1986, voilà six ans, au terme de six tours de vote, le CIO – Comité international olympique – a attribué au dossier savoyard le prix d’excellence. Pour la troisième fois, après Chamonix en 1924, et Grenoble en 1968, les Alpes françaises accueillent les JO d’hiver. Barnier et Killy, les deux font la paire et c’est la France qui gagne ! En même temps, le CIO a décidé que les JO d’hiver et d’été se dérouleront en alternance sur les années paires.
Mais place aux champions. Ils sont plus de 2 000 athlètes venus de 64 pays pour se disputer 330 médailles. Aux yeux de Jean-Claude Killy, trois fois titré en 1968, l’idéal serait que les Français accrochent au moins 9 médailles, comme à Grenoble. Ça sera fait !
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