![Astrid Panosyan-Bouvet.](https://www.lejdd.fr/lmnr/rcrop/375,250,FFFFFF,forcey,center-middle/img/var/jdd/public/styles/paysage/public/media/image/2025/02/08/15/astrid-panosyan-bouvet-1-c.jpeg?VersionId=sr8sF63Pp2Q.EluU1zrjsRVV58qfhMG_)
Le sommet international sur l’IA, initié par le président de la République, est placé sous un triple impératif : innover, déployer et maîtriser.
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En matière de compétitivité, d’emploi et de travail, le vrai risque de l’IA est que nous passions à côté. L’Union européenne s’est dotée d’une législation ambitieuse pour protéger les citoyens, les salariés et les consommateurs, il est temps d’accélérer sur l’adoption de cette innovation dans toutes nos entreprises. Comme la machine à vapeur, l’électricité, les robots ou l’ordinateur, cette innovation de rupture concerne tous les secteurs. Son perfectionnement, son accès facile et la multiplicité des usages permettent une dissémination très rapide.
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Son irruption ravive un débat vieux d’un siècle et demi : la fin du travail. Mais depuis les révolutions industrielles, les destructeurs de machines ont toujours eu tort. Après des prédictions cataclysmiques, les estimations actuelles convergent vers la disparition possible de 5 à 10 % des emplois existants, tout en annonçant la création d’emplois nouveaux. Pour la France et l’Europe, l’adoption de l’IA est d’autant plus critique que nous n’avons pas assez profité de vingt années de révolution numérique : les gains de productivité ont été deux fois moindres en France qu’aux États-Unis. Aujourd’hui, seules 25 % de nos entreprises, dont 10 % des PME seulement, utilisent l’IA. Sans un sursaut, l’OCDE estime que la France bénéficierait des gains de productivité les plus faibles parmi les pays du G7.
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Face à l’« illectronisme »
La moitié des emplois pourraient être substantiellement transformés, avec des impacts inégalement répartis : les femmes, qui exercent davantage les métiers automatisables, les jeunes, dont les premières tâches, pour apprendre, sont souvent routinières, ou les 10 % d’actifs confrontés à l’illectronisme.
Abordons la révolution de l’IA sans paniquer, avec humilité mais aussi des convictions. Elle n’est pas réservée aux geeks, aux grandes entreprises ou aux start-ups mais concerne toutes les entreprises et tous les métiers, qu’ils soient cognitifs, manuels ou relationnels. Le mouvement a commencé : maintenance chez un sous-traitant de l’aéronautique, nouvelle méthode d’apprentissage dans un CFA de carrosserie, création en quelques clics de supports publicitaires par un patron de salle de sport ou encore un meilleur appariement entre offre et demande d’emploi chez France Travail… Son déploiement peut se faire pas à pas, en déléguant progressivement des tâches, en repensant le travail pour y intégrer la contribution de l’IA, avant de passer à l’échelle.
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Faisons sortir de l’ombre l’IA en entreprise. Beaucoup de salariés précèdent leurs managers dans l’adoption. Ils « bidouillent » discrètement, non sans risque pour la sécurité des données sensibles des entreprises d’ailleurs. Et paradoxalement, trop de dirigeants d’entreprises – plus de 50 % selon Terra Nova – envisagent de chercher la compétence en IA à l’extérieur, alors que leurs propres salariés s’en sont déjà largement emparés.Chaque entreprise est en première ligne et doit maintenant examiner sa manière de travailler. Dirigeants, salariés, indépendants, quelles tâches sont devenues centrales simplement parce que chronophages et répétitives ? Quelles tâches font vraiment le sens et le sel du métier que vous faites ? Comment se recentrer sur l’essentiel ?
Branches, organisations professionnelles, chambres consulaires, syndicats de salariés et syndicats patronaux : vous avez tous un rôle à jouer !
Adaptons la formation continue. L’État jouera son rôle en revoyant les référentiels métiers, en mobilisant le compte personnel de formation (CPF). Les certificats de qualification professionnelle (CQP) délivrés par les branches professionnelles peuvent aussi être un accélérateur car celles-ci sont au plus près des métiers. Les acteurs de la formation doivent aussi adapter leur pédagogie et leurs programmes. L’IA a besoin d’ingénieurs mais surtout de nos 30 millions de travailleurs qui sont autant d’utilisateurs ! Un changement d’une telle ampleur n’arrive pas tous les jours. Pour les embarquer tous, la verticalité ne fonctionnera pas. Branches, organisations professionnelles, chambres consulaires, syndicats de salariés et syndicats patronaux : vous avez tous un rôle à jouer !
Cadre de confiance
C’est le dialogue social qui permettra de créer le cadre de confiance nécessaire, de développer la formation et de passer de l’utilisation individuelle à l’adoption collective, comme le souligne l’OCDE. C’est le dialogue social qui embarquera les salariés pour parler usages, compétences et organisation. Qui redonnera ainsi du sens au travail, en écartant l’intensification subie et en renforçant l’autonomie des travailleurs. De répartir équitablement les gains de productivité et de valeur. Et de déterminer la meilleure manière d’utiliser l’heure quotidienne que l’IA peut faire gagner à chaque salarié et de faire que l’IA soit un progrès partagé pour tous !
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