Qu’est-ce que c’est qu’être français ? Voilà la question que François Bayrou veut mettre sur la table. Et surtout, il veut y répondre. Pas dans six mois, pas lors de l’élection présidentielle. Maintenant. Et il faut lui reconnaître une chose : il ose. Il ose mettre les pieds dans un plat que la classe politique évite soigneusement depuis des années. L’identité française. Pour les politiques, c’est un sujet explosif, brûlant, ultra-clivant… mais dans l’opinion, le verdict est déjà rendu depuis longtemps.
Parce que derrière cette question, il y a une réalité. La France, ce n’est pas qu’un pays. C’est une histoire, une culture, une langue, des valeurs, des institutions, un territoire. Ce n’est pas un concept flou, une abstraction administrative, une idée désincarnée. C’est un attachement, un sentiment d’appartenance. Et en ces temps de confusion généralisée, où l’on ne sait plus très bien ce que l’on est, ce que l’on veut être, ni même ce que l’on a encore le droit de défendre, eh bien oui, poser cette question, c’est essentiel.
Mais l’ouverture de ce débat semble déranger… À gauche, et chez une partie du centre, « identité nationale » est un gros mot. Presque une insulte. Pire encore : ça rappelle l’époque de Nicolas Sarkozy et son ministère de l’Identité nationale. Quelle horreur ! Et pourtant, quelle ironie de voir François Bayrou reprendre ce débat quinze ans plus tard. Lui le centriste, l’homme qui n’avait de cesse de pilonner Nicolas Sarkozy à l’époque. Français Bayrou, qui dénonçait cette approche et ne parlait certainement pas encore de submersion migratoire. Les temps changent.
Et c’est bien là tout le sujet. En appelant à un « débat plus large » sur l’identité française, François Bayrou… fait du François Bayrou. Traduction : il gagne du temps. Son intervention arrive juste après que Gérald Darmanin ait proposé de remettre sur la table la question du droit du sol. Bruno Retailleau est pour, Élisabeth Borne est contre. Et Francois Bayrou, lui, sort la grande carte du débat élargi.
Parce que pour qui suit la politique, on connaît la musique : appeler à un grand débat, c’est souvent une façon habile de… noyer le poisson. De gagner du temps, d’éviter de prendre une vraie position. Alors, la question est là : François Bayrou veut-il réellement poser ce débat sur la table ? Ou est-ce juste un moyen d’éviter une querelle entre ses ministres d’État ? Avec un risque majeur : passer complètement à côté d’un débat fondamental.
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Car au fond, qu’est-ce que c’est qu’être français ? Il y a 66 millions de réponses à cette question. Être français, c’est assumer une histoire qui traverse les siècles. Un héritage qui commence avec Clovis et le baptême de Reims, ce moment où la France devient « la fille aînée de l’Église ». C’est Saint Louis rendant la justice sous son chêne, Jeanne d’Arc sauvant le royaume, Louis XIV incarnant la grandeur, De Gaulle réveillant la patrie humiliée.
Être français, c’est aussi une fidélité. À une culture, à une mémoire, à cette mosaïque de terroirs qui façonnent un peuple unique. Ce n’est pas voir la France comme un simple espace administratif qu’on traverse, c’est la considérer comme une patrie qu’on aime, qu’on défend, qu’on transmet. Parce qu’une nation ne tient pas par des lois et des décrets, mais par la volonté d’un peuple de préserver son mode de vie, sa langue, ses coutumes, ses libertés.
Être français, c’est vivre dans une continuité historique
C’est embrasser une culture qui unit chevalerie et littérature, politique et art, valeurs de l’honneur et de l’héritage. C’est parler une langue qui a structuré la pensée occidentale. Être français, ce n’est pas juste habiter un territoire. C’est vivre dans une continuité historique. Être le gardien d’un récit qui nous précède et qui nous survivra. C’est refuser la tabula rasa, la dilution dans un monde sans racines, sans frontières, sans mémoire.
Parce que la France, ce n’est pas une juxtaposition d’individus aux intérêts disparates. C’est une communauté de destin. Une civilisation forgée par des siècles d’efforts, de luttes, de sacrifices. Et être français, c’est un engagement. C’est honorer ce que nos ancêtres ont bâti, protéger ce qui fait notre singularité, et refuser de voir la France se réduire à une simple entité administrative sans âme.
Parce que la France, ce n’est pas qu’un pays. C’est une âme.
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