Lors de sa rencontre à la Maison-Blanche avec Donald Trump, Benjamin Netanyahou n’est pas arrivé les mains vides. Il a offert un bipeur doré au président américain en référence au coup d’éclat des services de renseignement israéliens et les bipeurs du Hezbollah piégés. « C’était une opération formidable », a réagi Trump. Ce cadeau de Netanyahou est une manière de lui rappeler qu’Israël a rebattu les cartes au Moyen-Orient. Face au nouveau (re)venu à la Maison-Blanche avec qui il a eu des relations tumultueuses par le passé, le Premier ministre israélien s’imagine qu’il est en position de force. C’est mal connaître Trump.
« Les États-Unis vont prendre le contrôle de la bande de Gaza », déclare-t-il. Netanyahou a un sourire crispé. Il est scotché sur place, mis devant le fait accompli, comme le fut Volodymyr Zelensky à une autre occasion quand Trump avait déclaré devant les caméras qu’ils allaient négocier avec Poutine. Le président ukrainien avait alors l’air d’un petit garçon à qui son professeur expliquait le programme du cours. Devant Netanyahou, Trump parle de transformer Gaza, qualifié de « site en démolition », en Côte d’Azur.
Ce n’est pas la première fois qu’il envisage de transformer un endroit du monde en Côte d’Azur, « Riviera » en anglais. Déjà, lors de sa rencontre avec Kim Jong-un en 2018, il avait fait flotter l’idée de transformer la côte nord-coréenne en Côte d’Azur, y voyant pousser des casinos… Dans sa tête, Trump est toujours à l’époque où il construisait le « Taj Mahal » dans le New Jersey. Le casino, c’est la référence du bonheur sur terre.
Que, pour réaliser ses ambitions de changer Gaza en paradis, il faille d’abord se débarrasser du Hamas, ce que Netanyahou n’a pas réussi à faire au bout d’un an d’intervention militaire, ne semble pas avoir d’importance aux yeux de Trump. Que la précédente administration ait déjà tenté d’expulser les 2 millions de Palestiniens qui y vivent en les relogeant, en Jordanie et en Égypte, n’est qu’un détail. Trump pense que ces deux pays lui diront « oui ». Par moment, on croirait assister à une réunion de chantier où l’entrepreneur en chef explique comment il faut s’y prendre pour construire l’immeuble. L’histoire et la géographie importent peu. La culture, n’en parlons pas.
Comme toujours avec Trump, l’objectif est de créer un rapport de force et ensuite de négocier. On l’a vu avec la mise sur pause des menaces d’augmenter de 25 % les droits de douane avec le Canada et le Mexique. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le président américain a placé cette fois la barre très haut. Quitte à renier pour partie ses promesses de non-intervention américaine sur un sol étranger. On voit mal comment les États-Unis pourraient se rendre maîtres de Gaza. Mais avec Trump, tout est possible.
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Rien n’indique d’ailleurs à ce stade que l’idée de Trump ait séduit Netanyahou. Ce dernier était arrivé en position de force. Trump l’aura déstabilisé. À la fin de la conférence de presse commune, il lui a offert une photo dédicacée de leur rencontre. « À Bibi, un grand leader », a-t-il écrit. Une manière de rappeler que, sans les États-Unis, Israël ne serait jamais allé aussi loin, mais surtout qu’avec Trump à bord, Netanyahou et le monde entier ne sont pas au bout de leurs surprises.
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