Il « soufflera » sa 207e bougie en mai prochain. Un grand âge, qui ne l’empêche pas toutefois de représenter encore (de loin) l’épargne préférée des Français. En 2025, plus de 80 % de nos compatriotes détiennent en effet un livret A, et le pécule moyen dépasse les 7 000 euros. C’est dire la confiance qu’inspire ce compte (épargne) qui n’a pas d’équivalent en Europe.
Accessible à tous, simple d’utilisation, notamment pour la disponibilité de ses fonds – aucune pénalisation en cas de retrait –, et présentant des intérêts exonérés d’impôts. Et cerise sur la tirelire, depuis l’an dernier, son taux d’intérêt annuel a grimpé jusqu’à 3 %. Du jamais-vu depuis 2008. Avec un tel taux, un particulier ayant par exemple 22 950 euros sur son livret (le plafond de dépôt) a reçu environ 700 euros d’intérêts créditeurs pour l’année 2024. Une somme non négligeable, d’autant plus qu’elle est versée dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier. Au total, sur la même période, plus de 12 milliards d’euros ont ainsi été versés aux Français titulaires d’un livret A. Un record absolu dans toute son histoire.
Un placement sans risque
Mais, mauvaise nouvelle, dès le 1er février, le taux redescendra à 2,4 %. Une mesure qu’Éric Lombard, le ministre de l’Économie, avait annoncée comme nécessaire avant même de prendre ses fonctions, et qui va donc être appliquée.
« Il y a encore 450 milliards d’euros qui dorment sur les comptes courants des Français »
Une bonne raison de faire la soupe à la grimace pour les épargnants concernés ? Pas forcément, analyse Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne : « Déjà car il faut rappeler qu’il n’était que de 0,5 % en 2020 ! Il a fortement augmenté à l’époque pour faire face à l’inflation, à la hausse des prix autant que celle des taux des marchés monétaires. Donc il reste encore attractif. Mais c’est aujourd’hui le mécanisme inverse que l’on observe. L’inflation baisse, ce qui est positif, donc le taux du livret A baisse également. » CQFD.
Sauf que la plupart des économistes annoncent d’ores et déjà une nouvelle baisse (d’environ 0,5 % supplémentaire) du taux dans quelques mois… Faut-il par conséquent fermer son livret A, ou renoncer à en ouvrir un lorsque l’on n’en possède pas encore ? « Certainement pas, tranche Marc Fiorentino, directeur associé chez MeilleurTaux Placement. Il y a encore 450 milliards d’euros qui dorment sur les comptes courants des Français. Ce qui ne leur rapporte absolument aucune rémunération. Cet argent-là, il est donc urgent de le mettre, a minima, sur un livret A. Car 2,4 %, ça reste toujours mieux que 0 ! D’autant qu’il s’agit d’un placement sans risque. »
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Des alternatives plus rentables
Cette baisse peut être la bonne occasion de se pencher sérieusement sur son épargne et d’étudier les alternatives potentielles. Citons déjà le livret de développement durable (LDDS), le « petit frère », créé par les banques au début des années 1980, lorsque seulement trois institutions financières (Banque postale, Caisse d’épargne et Crédit mutuel) pouvaient proposer le livret A. Il offre un taux d’intérêt séduisant de 3 %, mais présente l’inconvénient d’avoir un plafond de dépôt bloqué à 12 000 euros…
« Il ne faut pas avoir peur de négocier les frais »
À peine plus que le livret d’épargne populaire (LEP), fixé à 10 000 euros, dont le taux va baisser de 4 à 3,5 % au 1er février, mais qui reste néanmoins plus d’un point supérieur au livret A. Réservé aux citoyens aux revenus modestes – environ 34 000 euros brut annuel pour un quotient familial de deux parts –, son fonctionnement est peu ou prou le même que celui de notre livret historique. « Sauf qu’il y a 8 millions de Français qui y sont éligibles mais qui n’y ont pas encore souscrit ! C’est vraiment dommage, car sur ce nombre, il y en a probablement beaucoup qui ont un livret A et qui devraient faire la bascule. Ou en tout cas répartir leurs économies », souligne Philippe Crevel.
Et pour les répartir, justement, l’assurance vie est également l’une des options à privilégier. En allant voir sa banque pour en ouvrir une, mais pas seulement. « Celles des compagnies d’assurances que l’on trouve en ligne, sur des plateformes de courtage notamment, peuvent être particulièrement attractives. Certaines offrent ce que l’on appelle des “boost” de performances. Donnant ainsi des rémunérations entre 3 et 4 % au départ, auxquelles s’ajoute un supplément pouvant aller jusqu’à 2 % sur l’argent qui n’a pas été retiré en cours d’année », promet Marc Fiorentino.
« Et il ne faut pas avoir peur de négocier les frais, prévient Philippe Crevel, car contrairement au livret A, certains sont supportés par l’assuré. Or les réduire, voire même les supprimer, est tout à fait possible. » Dans un autre registre, le plan d’épargne retraite créé en 2019 – pouvant être rémunéré à hauteur de 3 % – reste un choix judicieux. « D’autant plus qu’il offre un avantage fiscal non négligeable à l’entrée, poursuit le directeur du Cercle de l’épargne, mais cette fois il ne s’agit plus d’épargne dite de “précaution”, mais d’une stratégie à long terme. » Car pour que cet investissement soit rentable et cohérent, il convient de ne pas débloquer les fonds de manière anticipée…
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