Le biopic est un exercice périlleux. Alors que Better Man, de Michael Gracey, sur Robbie Williams, et Un parfait inconnu, de James Mangold, sur Bob Dylan, sont toujours en salle, un autre portrait d’une star de la chanson devrait susciter l’enthousiasme de ses plus fervents admirateurs. Pablo Larrain rend un vibrant hommage à Maria Callas en racontant les derniers jours de sa vie en 1977 à Paris, alors que la cantatrice grecque a perdu sa voix. Un rôle en or pour Angelina Jolie qui réussit le tour de force d’incarner la diva au crépuscule de son existence, et terriblement vulnérable, dans ce requiem mélancolique. Stéphanie Belpêche
De Pablo Larrain, avec Angelina Jolie, Pierfrancesco Favino et Alba Rohrwacher. 2h03.
Paddington au Pérou
Au Royaume-Uni, Paddington est une gloire nationale. Normal que tous les acteurs britanniques se bousculent pour tenir un petit rôle dans l’adaptation des aventures du célèbre ours au cinéma ! Pour ce troisième opus, Hugh Bonneville, Olivia Colman, Jim Broadbent et Hugh Grant donnent la réplique au héros animé incrusté dans des images tournées en prises de vues réelles, alors qu’il part sur les traces de sa tante disparue dans la jungle du Pérou. Une comédie familiale irrésistible et destinée à toute la famille. S. B.
De Dougal Wilson, avec Hugh Bonneville, Olivia Colman et Antonio Banderas. 1h46.
Écouter
Les sœurs pop
![Nuit blanche, Comme John, Labeldiff43.](https://resize-lejdd.lanmedia.fr/r/375,,forcex/img/var/jdd/public/media/image/2025/02/05/16/nuit-blanche.jpeg?VersionId=byZUah8ZZee2l3X6bGOjHiE8ciVEqVZE)
De France Gall à Clara Luciani, la tradition des femmes pop, aux mélodies efficaces, aux textes délicats et à la joie en mode majeur se porte bien. Les sœurs Salvat, de Comme John, se lancent joyeusement dans cette belle lignée, où les voix murmurent leurs élégances et s’entrelacent. Ainsi entend-on tour à tour la patte de La Grande Sophie, les accords de Véronique Sanson ou les envies d’Amérique du Sud de Pauline Croze, et on se dit qu’il est heureux que la pop se conjugue si bien au féminin. Georges Grange
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Nuit blanche, Comme John, Labeldiff43.
À voir
Démasqué
Voilà un pur thriller pour les amateurs de K-drama, ces séries coréennes au succès grandissant. Déconseillée aux moins de 18 ans, celle-ci suit les enquêtes d’une équipe de journalistes qui travaillent pour « Trigger », l’une des émissions d’investigation phares du pays, connue pour révéler les vérités qui se cachent derrière des crimes mystérieux. Mais la réputation du show s’effondre lorsqu’éclate un scandale impliquant les membres de sa rédaction… Alternant un ton sombre et léger – avec une bonne dose d’action –, articulée autour d’une galerie de personnages aussi intrépides que loufoques, Démasqué est une vraie bonne surprise à ne pas manquer. Florian Anselme
Série policière. Avec Kim Hye-su, Jung Sung-il et Joo Jong-hyuk. Douze épisodes de 60 minutes. Disponible sur Disney+.
Le Prix
![Le prix au théâtre Hébertot.](https://resize-lejdd.lanmedia.fr/r/375,,forcex/img/var/jdd/public/media/image/2025/02/05/16/leprix_hebertot_.jpeg?VersionId=UqIKJSiwV8tRw0EoTMNIQ4IYd33ur0yS)
Otto Hahn est à Stockholm en 1946 pour recevoir le prix Nobel de chimie. La physicienne Lise Meitner ressurgit : Autrichienne et Juive, elle a fui l’Allemagne en 1938. Ils étaient « les deux faces d’une même pièce », mais lui seul est récompensé pour leur grande découverte, la fission nucléaire. « Solder les comptes… Quelle horrible expression ! » La grande explication, en huis clos modulé par des lumières inspirées, est tendue, plus complexe qu’il n’y paraît, et remarquablement écrite. Ludmila Mikaël est une sublime Némésis lumineuse et digne, face à Pierre Arditi, 80 ans, magistral en grand scientifique roué et noué par ce passé : des duettistes de haut vol ! Humbert Angleys
Théâtre Hébertot (Paris, 17e), 1h40. Jusqu’au 30 mars.
Lire
Sacrées influenceuses
Les amateurs de réseaux sociaux adorent qu’on parle d’eux. De leur vie sous filtre Instagram et de leurs followers. Ainsi Anne, qui se partage entre son cher mari et ses trois têtes blondes. La vie est douce, jusqu’au jour où elle poste sur son compte Instagram une adorable petite tenue au crochet qu’elle a confectionnée. Un succès fou ! Toutes les mamans de l’école se l’arrachent. Anne change son profil Instagram, devient QueenAnne et vend sa petite merveille à l’assistante française de Beyoncé, qui se la fait voler par la star. Et là, c’est le cataclysme ! Instagram explose, l’existence de la jeune femme bascule. Il suffira de quelques mois pour que la super influenceuse QueenAnne sombre dans un burn-out. Adèle Bréau, grande prêtresse de la mode au magazine Gala, ne s’en laisse pas conter. Elles seront nombreuses, toutes ces filles d’aujourd’hui, à refuser de se reconnaître dans cette formidable comédie satirique. Les influentes n’ont pas le sens de l’humour, Adèle Bréau si ! Stéphanie des Horts
Les Influentes, Adèle Bréau, JC Lattès, 414 pages, 21,50 euros.
Retour dans les Abruzzes
Les familles italiennes ne sont pas ce qu’on croit : on y trouve des non-dits, des secrets enfouis, des filles mutiques et des mères dépassées. Quand Amanda revient de ses études auprès de sa mère Lucia, la cohabitation fait ressurgir ce qu’on croyait appartenir à l’histoire. Avec délicatesse, avec la cruauté de la vérité des rapports familiaux aussi, Donatella Di Pietrantonio tisse une fresque poignante dans des Abruzzes sauvages. Ayant obtenu le prix Strega, le Goncourt transalpin, elle a offert à ses lecteurs le sentiment de s’y lire sans fard, en faisant un phénomène de société en Italie. Georges Grange
L’Âge fragile, Donatella Di Pietrantonio, Albin Michel, 272 pages, 20,90 euros.
Au cœur du Morbihan
En breton, le glaz désigne la couleur si particulière des paysages entre gris, vert et bleu. Dans Balade en Morbihan, le journaliste vannetais Patrick Mahé nous prend par la main pour nous faire découvrir cette teinte unique au pays breton. L’on y découvre la richesse du pays vannetais, entre Armor (le bord de mer) et Argoat (l’intérieur des terres), qui réunit harmonieusement le bleu de la mer et le vert de la terre. Ce beau livre, illustré des photos d’Alexandre Lamoureux, ravira les exilés en mal du pays, ainsi que les amoureux de la France et de ses joyaux. Aziliz Le Corre
Balade en Morbihan. D’Armor en Argoat, Patrick Mahé, photographie d’Alexandre Lamoureux, éditions Blanc & Noir, 160 pages, 25 euros.
Nouvelles espiègles
Prix Nobel de littérature 2018, la romancière polonaise Olga Tokarczuk publie aussi des nouvelles depuis 1997. Dans ce recueil de 2001 souffle un esprit farfelu indémodable servi par un humour omniprésent. On tombe sous le charme de cette plume qui ne lasse jamais grâce à un plaisir d’écrire communicatif. Dès que la narratrice nous emmène sur une piste, elle nous en détourne pour mieux nous maintenir en éveil. Elle jubile quand elle nous présente un geek surtout doué pour toucher le chômage, puis elle persiste avec le personnage d’un manuscrit en cours qui corrige le texte dont il est le héros. La polka du contre-pied. Bernard Morlino
Jeu sur tambours et de tambourins, Olga Tokarczuk, Le Livre de Poche, 480 pages, 9, 70 euros.
Le mot rare : Caudataire : courtisan servile
À l’origine, le caudataire est celui qui portait la queue de la robe d’un personnage important (juge, cardinal, roi…). Homme de cour, le caudataire a rapidement été pris pour un être soumis et obséquieux qui, s’il se rapprochait encore, aurait même pu devenir lèche-botte. L’écrivain Maurice Barrès lui a donné un sens diplomatique, lui qui souhaitait en 1911 que la France ne devienne pas « un caudataire de l’Allemagne ». Un siècle après, qu’en est-il ? G. G.
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