Le JDNews. Les récents drames, comme le meurtre d’Elias, marqueront-ils enfin un véritable sursaut ou assisterons-nous une fois de plus à une indignation stérile sans aucune conséquence ?
Sarah Knafo. Le Bataclan fut un électrochoc, comme la décapitation de Samuel Paty, comme le meurtre de la petite Lola, comme celui du jeune Elias. Nous en sommes à un électrochoc par jour et la classe politique ne fait rien. Il n’y a plus rien à attendre d’eux. L’indignation est parfaitement compréhensible mais nous avons dépassé ce stade. Je m’intéresse désormais aux solutions : je les veux simples, claires, applicables, efficaces rapidement.
Comment mettre en place une solution efficace lorsque les assassins d’Elias sont deux mineurs ?
Un homme qui tue comme un adulte doit être jugé comme un adulte. Point. La question n’est pas l’âge. La question est le rapport entre le crime et sa punition. Nos sociétés considèrent, à tort, qu’un adolescent est forcément un pauvre petit innocent qui a été maltraité par la société. Rien n’est plus faux. À 15 ans, on sait pertinemment que tuer est un mal absolu. Et l’histoire démontre que les adolescents sont capables de barbarie à grande échelle : la malfaisance non plus n’attend pas le nombre des années, et la « culture de l’excuse » est une inculture.
Alors, si vous étiez au pouvoir, que changeriez-vous dans la justice des mineurs ?
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Tout ! Il faut supprimer le Code pénal des mineurs et tout revoir, comme le préconise le pédopsychiatre Maurice Berger. Premièrement, supprimons l’excuse de minorité. Aujourd’hui, la responsabilité pénale est à 13 ans. Et de 13 à 18 ans, les délinquants bénéficient de ce dispositif qui atténue leur peine. Il faut supprimer purement et simplement cette excuse. Un homme qui viole à 15 ans doit encourir ses quinze ans de prison, pas la moitié. Un homme qui tue à 16 ans doit savoir qu’il peut passer sa vie en prison. On ne peut pas risquer qu’il prenne une autre vie innocente.
Deuxièmement, même pour un petit délit, il faut une réponse pénale certaine et rapide. Les plus jeunes doivent être confrontés immédiatement aux conséquences de leurs actes. La répression est le meilleur mode de prévention. Troisièmement, il faut systématiser les amendes pour les familles. Elles sont prévues par le Code pénal. Mais pour s’assurer qu’elles seront payées, il ne faut plus hésiter à recourir à des saisies sur les salaires ou les aides sociales. La sanction doit être perceptible et dissuasive.
Le gouvernement, lui, parle de « réponse éducative » face à la délinquance juvénile…
On ne calme pas un adolescent ultraviolent avec des cours d’empathie. Ceux qui ont la violence pour langue maternelle sont sensibles aux réponses impitoyables. Notre système protège les mineurs de la sanction au lieu de les préserver du crime. C’est la logique qu’il faut inverser.
« Tous les adolescents de France ne sont pas subitement devenus violents »
Les cas de violences de rue et de meurtres se multiplient en France. Est-ce parce que la justice des mineurs reste un problème insoluble ?
Les problèmes mal posés sont souvent insolubles. Quand on entend que le problème de la violence en France, c’est la justice des mineurs ou les armes blanches ou la pauvreté ou les jeux vidéo, il me semble que nous passons à côté de la véritable cause. Donc nous risquons de passer à côté des véritables solutions. Souvenez-vous L’Humanité qui titrait « Mort au travail » lorsqu’un gendarme fut tué par un multirécidiviste étranger ou Libération qui affirmait : « Ça relance le débat sur l’interdiction des couteaux », le lendemain d’une attaque djihadiste.
Tout cela pour ne pas voir que ces morts s’ajoutent plutôt à la liste des crimes commis par des gens que nous avons généreusement accueillis. Lola, ce n’est pas une mineure qui l’a tuée, mais une femme algérienne sous OQTF. Samuel Paty, ce n’est pas un mineur qui l’a décapité, mais un Tchétchène auquel nous avions accordé l’asile. Ensuite, oui, nous avons sur notre sol des adolescents de plus en plus violents. Mais tous les adolescents de France ne sont pas subitement devenus violents. Regardez le drame de Crépol : à quelques kilomètres de distance, il y a une jeunesse normale qui joue au rugby et fait la fête dans son village, et une jeunesse qui règle ses comptes à coups de couteau. Même âge, même département, mais rapport totalement différent à la violence.
Qui peut croire qu’un adolescent afghan, par exemple, intégrera facilement nos mœurs, alors qu’il vient d’un pays qui n’a pas connu la paix depuis près d’un demi-siècle ? Bien au contraire, il risque d’apporter chez nous la violence dans laquelle il a grandi. Et tout cela est aggravé par notre laxisme. Les mineurs savent qu’ils n’ont rien à craindre de la justice, non pas parce qu’ils connaissent les lois par cœur, mais parce qu’ils ont constaté cent fois cette impunité, pour eux-mêmes et leurs amis. Ajoutez à cela le cannabis consommé dès le plus jeune âge, le récit noir sur notre histoire, qui crée ressentiment et désir de revanche, et vous avez le cocktail qui nous explose au visage.
On voit donc que c’est aussi un problème culturel et sociétal. Sur ces points, quelles solutions mettre en place ?
D’abord, le b.a.-ba, traiter la cause : rétablir nos frontières, ne plus accueillir, expulser les délinquants et criminels étrangers. C’est un raisonnement empirique basique : si certaines nationalités sont surreprésentées dans les crimes et délits, c’est que nous avons eu tort de les accueillir. Nous avons assez de criminels chez nous pour ne pas accueillir ceux du monde entier. Pour les autres, rétablir une justice implacable.
Pour cela, la peine encourue doit enfin se rapprocher de la peine prononcée, qui doit être égale à la peine exécutée. Certains juges prononcent des peines ridicules pour des faits gravissimes : c’est pour cela qu’il faut des peines planchers. Aujourd’hui, la justice peut décider que tel ou tel prisonnier sortira au bout de trois ans au lieu de sept, sous prétexte qu’il se serait bien comporté : c’est pour cela qu’il faut supprimer le juge d’application des peines. Pour appliquer un tel programme, il faut des prisons. De vraies prisons, pas des centres aérés. J’ai l’idée d’un plan de construction rapide de 100 000 places de prison…
« La meilleure manière d’accélérer la réponse pénale, c’est d’avoir moins de délinquants en liberté »
Les délais de jugement sont souvent très longs. Comment garantir une réponse pénale rapide et efficace ?
Il y a consensus pour dire que, pour raccourcir les délais, il faut plus de magistrats et de greffiers. Mais on peut aussi réduire le nombre de dossiers à traiter. Prenez un délinquant qui est inculpé deux fois par an. Aujourd’hui, il écope de rappels à la loi, stages, sursis et, au mieux, d’un bracelet électronique. Cela ne l’empêche pas de recommencer ; et ses récidives sont autant de nouveaux dossiers sur le bureau des policiers et des magistrats. Si, au contraire, vous le mettez dix ans en prison, vous supprimez vingt délits, vingt enquêtes, vingt procédures. Vous soulagez les policiers, les juges et la société. La meilleure manière d’accélérer la réponse pénale, c’est d’avoir moins de délinquants en liberté. C’est aussi la meilleure manière de retrouver la tranquillité.
Nous parlons de chiffres et de mesures, mais il y a aussi la réalité des victimes. Vous avez grandi en Seine-Saint-Denis et vous avez été personnellement confrontée à cette violence. Vous avez été agressée vous-même plusieurs fois. Est-ce que cela change votre regard ?
Bien sûr… Un jour, je rentrais chez moi, je devais avoir 16 ans. C’était à Bondy. Un jeune garçon, 13 ans maximum, m’arrête et me dit : « Donne ton téléphone. » Je me dis : « Impossible de me faire racketter par un gamin… ». Je refuse. Il sort un cutter. Par un réflexe d’orgueil, je lui dis : « Je ne te le donnerai pas. Mais tu vas vraiment me planter pour un iPhone ? ». Miracle : il crache par terre et il s’en va. Je rentre chez moi, fière de ne pas avoir cédé, et je raconte l’histoire à ma mère. Sa réaction : « C’est la dernière fois que tu fais ça. Si on te demande ton téléphone, tu le donnes, tu donnes tout ! ». Voilà la triste réalité. Quand on vit dans un pays où le courage devient du suicide, on ne peut plus apprendre à ses enfants à être courageux. Qui prendrait le risque de voir son fils poignardé ou défiguré, souvent dans des attaques à un contre dix ? C’est une réaction normale quand on est parent. Mais elle en dit long sur la peur qui règne dans les familles et sur le manque de confiance dans les services de l’État.
Pour les filles, c’est encore pire… Pourquoi ce sujet reste-t-il largement minimisé dans le débat public ?
Ce sujet n’est pas minimisé par les Français. Ils en parlent tout le temps. Il est minimisé dans le débat médiatique, parce que les féministes de gauche ont hiérarchisé leurs « luttes ». Elles font passer la cause des femmes après celle des immigrés. C’est pourquoi elles ne supportent pas le collectif Némésis qui jette un pavé dans la mare en disant que, pour protéger les femmes, il faut moins d’immigration.
« On ne réussira à vaincre la violence que par la fermeté »
Ne trouvez-vous pas que nous avons intégré l’idée que certaines zones sont déjà « perdues » et qu’il faut s’adapter plutôt que de combattre ?
Certains l’ont intégrée. Par exemple, ceux qui en profitent électoralement, comme Jean-Luc Mélenchon. à ceux-là, il faut tenir tête. Il y a, ensuite, des honnêtes gens qui se demandent intérieurement si laisser les choses comme elles sont ne serait pas finalement plus pacifique. Il faut leur dire qu’on ne réussira à vaincre la violence que par la fermeté. Il faut aussi les rassurer : les solutions sont simples, applicables. La victoire est largement à notre portée, et à un horizon proche.
Regardez le Salvador : il y a cinq ans, lorsque Bukele est arrivé au pouvoir, le Salvador était le pays le plus dangereux du monde, les gangs vous tiraient dessus en pleine rue pour un rien. Cinq ans plus tard, il a réformé son pays, il a enfermé les gangsters en prison, le Salvador est devenu le pays le plus sûr du continent et on n’a dénombré aucun homicide en deux mois. Nous aimerions pouvoir en dire autant en France ! L’État doit enfin devenir implacable avec les coupables et bienveillant avec les innocents. Je suis certaine que nous retrouverons bientôt une France paisible, respectueuse des libertés fondamentales, des biens et des personnes.
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