![Emmanuel Macron et Richard Ferrand en 2020.](https://www.lejdd.fr/lmnr/rcrop/375,250,FFFFFF,forcey,center-middle/img/var/jdd/public/styles/paysage/public/media/image/2025/02/05/17/000_1to0hi.jpg?VersionId=v1Jr1oyi4214qEfE86qrh89fKR0C_KAy)
« Richard Ferrand… Vous allez le taper ou pas ? » Hervé Berville, député macroniste des Côtes-d’Armor, sonde depuis quelques jours les députés Insoumis sur le cas Richard Ferrand, son voisin breton du Finistère, que l’Elysée compte proposer pour succéder à Laurent Fabius à la présidence du Conseil constitutionnel. « Évidemment qu’on va le taper ! On a déjà commencé », répond le député Insoumis. « Mais vous allez ressortir les Mutuelles de Bretagne ? » – (affaire dans laquelle Ferrand a été totalement blanchi) – reprend Berville ? « Non mais on va lever la manœuvre de l’Elysée ! » Une manœuvre ? Quelle manœuvre ?!… Depuis que le nom de l’ancien président de l’Assemblée nationale a été poussé par Emmanuel Macron pour le conseil, les Insoumis sont convaincus que la mission assignée à ce fidèle du Président est de préparer le terrain à une nouvelle candidature à la Présidentielle de Macron, au lendemain d’une éventuelle démission.
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Dans un tel scénario, 35 jours s’écoulent au maximum entre la démission et le premier tour de la présidentielle. Emmanuel Macron – selon l’hypothèse développée par LFI – envisagerait alors de se représenter. Prenant de vitesse Philippe, Attal, et les autres, aussi impopulaire soit-il, seul l’Elysée aurait les moyens politiques de rassembler dans le temps imparti les 500 signatures, la rédaction et la diffusion d’un programme, le matériel de campagne, la logistique requise pour tenir de grands meetings. « Le Président est d’ailleurs déjà reparti en campagne, relève-t-on à LFI, sa visite dans un bureau de tabac, son échange avec un influenceur sur une affaire de verbalisation abusive à un péage abondamment relayé sur les réseaux sociaux, le bain de foule à Colmar… »
Seul petit obstacle à sa candidature : étant démissionnaire au cours de son second mandat, a-t-il le droit de se représenter pour en entamer un nouveau, considérant qu’il n’a pas accompli deux mandats pleins ? Question juridique qui serait inévitablement soumise au Conseil constitutionnel par ses opposants. Dès lors, il reviendrait au nouveau président du conseil de faire statuer les sages. On peut aisément présager de l’interprétation conclusive de Richard Ferrand sur la validation d’une candidature Macron. Scénario improbable ? Impensable ? « Venant d’un homme qui, sur un coup de tête, a déclenché la dissolution sans consulter personne, mieux vaut s’y préparer », répond un dirigeant Insoumis.
Le 10 février, la commission des lois de l’Assemblée nationale aura à se prononcer sur la nomination de Richard Ferrand. LFI, et sans doute la gauche toute entière, s’y opposera. Pour bloquer la nomination, les 3/5e des sénateurs et députés des commissions des lois doivent s’y opposer. Là où l’affaire se corse, c’est que les députés du Rassemblement national ne seraient pas hostiles à la nomination de Ferrand… « Encore une manœuvre », alertent les Insoumis. Une manœuvre ? Quelle manœuvre ? Elle serait double. Prise dans le procès des assistants parlementaires au Parlement européen, Marine Le Pen est sous la menace d’une condamnation à une peine d’inéligibilité avec exécution provisoire – l’appel ne serait pas suspensif.
Or le Conseil constitutionnel doit se prononcer sur une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) relative à cette disposition, d’ici le rendu du verdict prévu le 31 mars. Les Insoumis soupçonnent le RN d’avoir « dealé » avec l’Élysée : on laisserait Ferrand se faire nommer s’il tranche favorable la QPC qui casserait juridiquement le principe de l’exécution provisoire. Deuxième intérêt pour le RN : un nouveau duel face à Emmanuel Macron serait plus favorable à une victoire de Marine Le Pen, tant son impopularité est grande. Un match face à Édouard Philippe étant jugé beaucoup plus incertain.
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Pour baroque que puisse paraître ce scénario à la Netflix, les Insoumis y voient une hypothèse sérieuse justifiant le choix très politique de l’Elysée de nommer Richard Ferrand. Le précédent de la dissolution étant sans doute l’élément le plus convaincant pour accréditer l’idée qu’avec Emmanuel Macron, tout est toujours possible.
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