De Pablo Larrain, avec Angelina Jolie, Pierfrancesco Favino, Alba Rohrwacher. 2h03.
16 septembre 1977. Le corps sans vie de Maria Callas, 53 ans, est retrouvé sur le parquet de son appartement du 16e arrondissement de Paris. Le cœur a lâché. Peu de temps avant sa mort, la cantatrice grecque vivait seule et recluse, avec son majordome, sa cuisinière et ses deux caniches pour unique compagnie. Incapable d’accepter la perte de sa si précieuse voix. Après avoir magnifié Natalie Portman dans Jackie (2016) et Kristen Stewart dans Spencer (2021), le réalisateur chilien Pablo Larrain offre son rôle le plus poignant à Angelina Jolie, qui incarne la diva au crépuscule de son existence dans un requiem irrigué par la mélancolie à mesure que les flash-back retracent son fabuleux destin. L’actrice américaine est sublime en prima donna sur le déclin, photographiée par le chef opérateur virtuose Ed Lachman (le binôme de Todd Haynes). D’après un scénario de Steven Knight (Peaky Blinders), Pablo Larrain esquisse un portrait impressionniste plein de déférence à l’égard de l’idole, avec des mouvements de caméra lents et élégants, composant chaque plan avec la précision d’un orfèvre. Une tragédie moderne somptueuse. S. B.
Paddington au Pérou ***
De Dougal Wilson, avec Hugh Bonneville, Olivia Colman et Antonio Banderas. 1h46.
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Voilà bien longtemps que Paddington n’a pas eu de nouvelles de sa bien-aimée tante Lucy, qui coule des jours paisibles dans sa maison de retraite située dans la jungle amazonienne. Il décide de lui rendre visite, accompagné de la famille Brown. À son arrivée au Pérou, il découvre qu’elle a disparu mystérieusement… Ce troisième volet propose une invitation au voyage euphorisante au pays du Machu Picchu, toujours en incrustant un personnage animé dans des prises de vues réelles. Une comédie familiale interprétée par la crème des acteurs britanniques, lancés dans une chasse au trésor exaltante entre humour, action et tendresse. Irrésistible, à l’image de Guillaume Gallienne qui prête sa voix douce et délicate au célèbre ours, aux attributs immédiatement reconnaissables (chapeau rouge et manteau bleu), dans la version française. S. B.
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Présence ***
De Steven Soderbergh, avec Lucy Liu, Chris Sullivan. 1h25.
Une entité invisible observe d’une fenêtre l’arrivée des nouveaux propriétaires de la maison vide dans laquelle elle erre. Une famille dysfonctionnelle, dont la fille vient de perdre sa meilleure amie. L’adolescente sent qu’une présence hante les lieux. Tour de force que le nouveau film expérimental du génial Steven Soderbergh, qui adopte le point de vue subjectif de l’esprit omniscient coincé ici-bas. On comprend en entendant la musique mélancolique qu’on est dans une histoire de fantôme façon A Ghost Story (2017), de David Lowery, même si une angoisse sourde demeure palpable. On se demande comment le cinéaste a procédé techniquement, tant ses mouvements de caméra sont fluides, vertigineux, défiant la pesanteur, au service d’une mise en scène magistrale, à la fois ample et minimaliste, d’une grande intelligence. Une réflexion sur le deuil aussi belle que poignante. S. B.
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La chute du ciel ***
De Eryk Rocha, Gabriela Carneiro da Cunha. 1h50.
Dès l’ouverture, un long plan fixe de neuf minutes lors duquel les protagonistes se rapprochent peu à peu, le spectateur sait que l’exploration sera aussi fascinante qu’exigeante. Et comme après un long voyage, il en sortira un peu déphasé, plus riche, révolté aussi. S’appuyant sur le livre éponyme La chute du ciel, où le chaman Davi Kopenawa se racontait avec la complicité de l’ethnologue Bruce Albert, ce magnifique documentaire immerge dans la culture ancestrale des Yanomami, une tribu de l’Amazonie brésilienne, tout en racontant leur combat contre les orpailleurs blancs que le sorcier nomme « le peuple de la marchandise ». Guidé par la voix de celui-ci, le film va au-delà de la simple dénonciation locale : à travers la cosmologie de son peuple, il rappelle que la catastrophe en marche concerne l’humanité entière. Bap. T.
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5 septembre **
De Tim Fehlbaum, avec Peter Sarsgaard, John Magaro et Ben Chaplin. 1h35.
À Munich en 1972, les Jeux olympiques d’été sont bouleversés par la prise d’otages des athlètes israéliens par les membres d’une organisation terroriste palestinienne. Roone Arledge supervise une équipe de la chaîne américaine ABC pour couvrir l’événement sportif, contraint d’interrompre la diffusion des compétitions pour retransmettre en direct à la télévision les images de la tragédie, suivie par près d’un milliard de personnes sur la planète… Emboîtant le pas à Munich (2005), de Steven Spielberg, le réalisateur et scénariste suisse Tim Fehlbaum choisit un angle original et passionnant : assister à la chronologie précise des faits du point de vue des journalistes, en ne quittant pas la régie. Une unité de temps et de lieu pour un thriller tourné à huis clos, sous tension permanente et redoutablement efficace même si on connaît l’issue. Fort de son dispositif malin, le récit alterne documents d’archives et reconstitution, et pose des questions liées aux médias et à la manière de traiter l’information en continu dans une situation de crise. S. B.
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Mon gâteau préféré **
De Maryam Moghdam et Behtash Sanaeeha, avec Lili Farhadpour, Esmaeel Mehrabi. 1h36.
À Téhéran, une veuve septuagénaire au quotidien monotone craque pour un chauffeur de taxi du même âge. Elle lui propose de la ramener chez elle. Une comédie romantique iranienne, ce n’est pas courant. Une comédie romantique iranienne qui provoque l’ire du pouvoir, encore moins. En célébrant l’amour et la liberté, en d’autres termes la vie, via la rencontre d’une femme et d’un homme au crépuscule de la leur, les réalisateurs du Pardon (2021) proposent un récit aussi touchant qu’inattendu qui leur vaut une interdiction de quitter le territoire depuis la sélection de celui-ci à la dernière Berlinale. Tout cela parce que leurs tourtereaux se séduisent, mangent, picolent, dansent. Jusqu’à un surprenant final refusant le happy-end. Ce récit d’apparence modeste mais drôlement tendre, cruel également, fait un charmant doigt d’honneur au régime avec son épicurisme et son romantisme séditieux. Bap. T.
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God Save the Tuche *
De et avec Jean-Paul Rouve, Isabelle Nanty. 1h35.
Après avoir visité Monaco (le premier volet), Los Angeles (le deuxième) et l’Élysée (le troisième), les Tuche découvrent Londres dans ce cinquième opus, très attendu par les nombreux fans de la saga, où Cathy est invitée à rencontrer le roi Charles III et son petit-fils sélectionné par le centre de formation d’Arsenal. Jean-Paul Rouve succède à Olivier Baroux à la réalisation en gardant la même recette comique éprouvée : des frites pour tout le monde, de la Suze pour mamie, d’excellents acteurs s’en donnant à cœur joie et des gags (drôles ou navrants) toutes les dix secondes au risque de provoquer l’indigestion. En Angleterre comme ailleurs, cela sent le réchauffé, mais la participation de Bernard Ménez, impeccable en Charles III, apporte un zeste d’originalité. Bap. T.
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