En 2023, il avait bluffé son monde en décrochant le prix d’interprétation masculine pour Memory, un drame poignant du cinéaste mexicain Michel Franco dans lequel il incarnait un quinquagénaire atteint de démence. Juste retour des choses pour Peter Sarsgaard, acteur caméléon par excellence, qui trace sa route en toute discrétion, entre productions indépendantes et superproductions, dirigé par les plus grands auteurs, de Kathryn Bigelow (K-19 : le piège des profondeurs) à Bertrand Tavernier (Dans la brume électrique).
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On le retrouve aujourd’hui en pleine tourmente, à Munich, en 1972, lors des Jeux olympiques d’été bouleversés par la soudaine prise d’otages des athlètes israéliens par les membres d’une organisation terroriste palestinienne. Il joue Roone Arledge, qui supervise une équipe de la chaîne américaine ABC pour couvrir l’événement sportif, contraint d’interrompre la diffusion des compétitions pour retransmettre en direct à la télévision les images de la tragédie, suivie par près d’un milliard de personnes !
Après Munich (2005) de Steven Spielberg, le réalisateur et scénariste suisse Tim Fehlbaum choisit un angle original et résolument passionnant : assister à la chronologie précise des faits du point de vue des journalistes, en ne quittant pas la régie. Une unité de temps et de lieu pour un thriller tourné à huis clos, sous tension permanente et redoutablement efficace même si on en connaît l’issue.
Fort de son dispositif malin, 5 septembre alterne documents d’archives et reconstitutions, pose quantité de questions liées aux médias et à la manière de traiter l’information en continu dans une situation de crise. Avec les moyens techniques rudimentaires de l’époque ! L’éthique est ébranlée dans la quête du scoop. La responsabilité de chacun est engagée. Quelles sont les limites à ne pas dépasser pour ne pas déraper dans le voyeurisme, la complaisance, l’indécence ?
Cette couverture historique au milieu du chaos et de la confusion a permis à ces professionnels d’accéder à la gloire, mais à quel prix ? « L’émission a été plus regardée que le premier pas sur la Lune, souligne Peter Sarsgaard. Alors qu’on a demandé à des types ordinaires qui avaient l’équipement adéquat de s’en servir dans des circonstances exceptionnelles et de sortir de leur zone de confort. Ils se sont jetés dans l’action avec sincérité, avec la volonté de bien faire. Avec le risque de ne pas avoir assez de recul quand on est forcé de prendre des décisions rapidement. La violence à l’écran doit toujours être contextualisée. »
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5 septembre**, de Tim Fehlbaum, avec Peter Sarsgaard, John Magaro. 1h35. Sortie mercredi.
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