Du Léman… aux mers du Sud. Initiée à la voile sur les eaux calmes du lac alpestre à bord du bateau familial, Justine Mettraux rejoint, adolescente, le centre d’entraînement à la régate de Genève. Contaminée par le virus de la navigation, elle se lance dans la course au large en solitaire lors de la Mini Transat 2013 entre Douarnenez et Pointe-à-Pitre. Coup d’essai, coup de maîtresse : elle monte sur le podium. Onze ans plus tard, elle prend le départ de la reine des épreuves en solo sur monocoque, le Vendée Globe, affronte avec brio les vagues hostiles du Grand Sud et, le 25 janvier, après 76 jours, la navigatrice helvétique de 38 ans est déjà de retour au port, huitième du classement général, première femme et meilleure étrangère, puisqu’elle devance de 25 minutes seulement le Britannique Sam Goodchild.
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La deuxième représentante féminine, Clarisse Crémer, franchit la ligne une journée plus tard. « Être première femme et internationale, c’est surtout bien pour la communication, analyse la skippeuse de ‘‘TeamWork-Team Snef’’. Ce qui est chouette, c’est de créer des vocations et montrer qu’il est possible de faire de la course au large, même si on n’est ni Français ni un homme. »
Elle est engagée dans The Magenta Project, collectif qui défend davantage de mixité dans la voile. La Lorientaise d’adoption se souvient : « Quand j’ai commencé, je n’étais pas très à l’aise de demander à un homme de naviguer en double. J’ai l’impression que les jeunes générations se posent moins la question. La mixité est plus répandue et beaucoup de courses l’encouragent ou l’imposent. » À l’image de The Ocean Race, tour du monde en équipage avec escales, qu’elle a effectué il y a dix ans sur un bateau 100 % féminin barré par Samantha Davies (arrivée jeudi en 13e position aux Sables-d’Olonne).
Il a fallu attendre la troisième édition du Vendée Globe pour que des navigatrices prennent part à l’aventure avec Catherine Chabaud (dernière à l’arrivée) et Isabelle Autissier (hors course). Lors de l’édition suivante (2000-2001), Ellen MacArthur, pétrie de talent, acheva son enthousiasmant périple juste derrière le vainqueur, Michel Desjoyeaux. En novembre dernier, sur quarante skippers, elles n’étaient que six. Justine Mettraux (qui a la chance d’être accompagnée depuis 2012 par le même partenaire) y voit un petit avantage : « C’est plus facile de trouver des sponsors parce qu’on reste minoritaires. Le sponsor va se dire : un projet féminin sortira plus du lot que la trentaine, ou davantage, de concurrents masculins. »
Ce dont profite à sa manière la benjamine Violette Dorange, sur son bateau DeVenir. Encore dans l’Atlantique, la sympathique Charentaise de 23 ans est devenue une star des réseaux sociaux (plus d’un million d’abonnés sur ses différents supports) et l’organisation a prévu un dispositif d’accueil bien supérieur au niveau de sa performance sportive (aux alentours de la 25e place).
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