Rappelons brièvement les faits : un jeune homme appelé « s4iintt » apostrophe le président de la République sur TikTok dans une vidéo, se plaignant d’avoir été verbalisé pour avoir payé un péage avec son téléphone. Cette vidéo, vue plusieurs millions de fois, a été jugée suffisamment digne d’intérêt par l’Élysée pour qu’Emmanuel Macron juge opportun de lui répondre lui-même sur le réseau social. Dans une courte vidéo apparemment tournée au débotté, le président indique qu’il trouve parfaitement recevable la doléance du jeune homme et qu’il fait personnellement son affaire que cette erreur soit réparée. Il va même jusqu’à le remercier de l’avoir interpellé.
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Les commentateurs n’ont pas manqué de souligner le double décalage qui naît de cette séquence : premièrement le caractère incongru de l’implication du chef de l’État sur un sujet aussi trivial que celui du paiement des péages, surtout au regard des défis majeurs que rencontre actuellement la France ; deuxièmement, le caractère déplacé d’une réponse du président en personne et en vidéo à un influenceur qui, d’une part, n’est pas une personnalité de premier plan, d’autre part s’exprime dans un langage quasi ordurier.
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Une sorte de prédicateur islamique 2.0
Mais l’affaire se corse lorsqu’on en apprend plus sur le profil dudit « s4iintt », qui n’est pas tout à fait un enfant de chœur. Il s’avère en effet que l’influenceur, suivi tout de même par plusieurs centaines de milliers d’abonnés, est une sorte de prédicateur islamique 2.0, qui s’indigne à longueur de tirades ponctuées de « wesh » ou « frérot », du manque d’orthodoxie de ses coreligionnaires. C’est peu dire que sa façon de concevoir la vie en société, et notamment les relations hommes-femmes, n’est pas en exacte adéquation avec « les valeurs de la République », qu’il ne se prive pas de railler d’ailleurs allégrement…
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Dans une longue séquence de dénigrement de la France il va même jusqu’à se moquer d’Emmanuel Macron, qualifié de « nain marié avec sa prof de français qui dirige un pays de la taille d’une chips » ! Dès lors, la réponse accordée par le président à « s4iintt » n’étonne plus seulement par son incongruité, elle prend les atours d’une humiliation publique. Que diable allait-il faire dans cette galère ? se demande-t-on ; ses conseillers auraient-ils été incompétents au point de ne pas vérifier le profil du TikTokeur en amont de son intervention ? On ne le saura jamais, mais qu’il soit permis d’en douter.
On notera en effet le manque total de formalisme dans la réponse présidentielle, qui évoque davantage l’empressement que la décision sagement mûrie. Emmanuel Macron aurait-il fait preuve d’autant de sollicitude s’il s’était agi de Mattéo ou de Kevin plutôt que d’un jeune issu de l’immigration ? Depuis son premier mandat, le président paraît en effet soucieux de ne manquer aucune occasion d’afficher sa proximité avec cette jeunesse, de montrer qu’il se sent très à l’aise dans cet environnement social et qu’il l’affectionne tout particulièrement. La petite mine d’autosatisfaction arborée dans la vidéo ne peut que corroborer cette impression. La sympathie du chef de l’État pour les petites frappes des quartiers sensibles semble largement outrepasser les multiples contrariétés causées par cette jeunesse, à qui Macron trouve décidément toutes les excuses.
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Une jeunesse à qui Macron trouve décidément toutes les excuses
Aussi ne serait-il pas invraisemblable qu’il ait eu connaissance de la teneur des discours de « s4iintt » avant de s’adresser à lui. Il faut dire que les manifestations d’hostilité envers la France ne semblent pas franchement de nature à offusquer Macron, lui-même étant coutumier des sorties infamantes pour sa propre nation. Personne n’a oublié l’accusation de crime contre l’humanité dans son discours à Alger. Personne n’a oublié « les fainéants », « les illettrées », « les Gaulois réfractaires », « les gens qui ne sont rien » pour qualifier ses compatriotes.
Personne n’a oublié non plus le cliché où il pose tout en bras de chemise, en sourires et en accolades, en compagnie de deux jeunes hommes à moitié nus à Saint-Martin, l’un d’entre eux effectuant un franc doigt d’honneur. On ne sait très bien dire à qui ce geste s’adresse ; il n’empêche que le président, en assumant la diffusion de cette photo, fait passer aux Français le message que le doigt d’honneur ne le dérange pas, voire qu’il s’y associe.
Quand la racaille martyrise la France en paroles et en actes, Emmanuel Macron la martyrise symboliquement
En adéquation avec son habitude de rabaisser la France, on décèle chez Emmanuel Macron une complaisance évidente pour les voyous, les « bad boys », notamment ceux qui ne se privent pas de cracher sur la France virtuellement ou réellement. La dernière séquence sur TikTok est une nouvelle illustration de cette complaisance, qui serait sans grande gravité si elle émanait d’un autre que celui qui préside aux destinées de notre pays.
En s’abaissant à répondre ad hominem à un influenceur lambda, lui accordant de ce fait un crédit incompréhensible et disproportionné, le chef de l’État s’humilie. En estimant digne de sa considération une petite frappe qui conspue la France en argot des banlieues, c’est la fonction présidentielle que Macron abîme délibérément. Or, qui touche à la fonction présidentielle touche à la nation française. Quand la racaille martyrise la France en paroles et en actes, Emmanuel Macron la martyrise symboliquement.
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