Dans cinq ans, la France accueillera les Jeux olympiques d’hiver 2030. La station de Courchevel devrait organiser les épreuves de vitesse en ski alpin ainsi que le saut à ski. L’absence d’un président à la tête du comité d’organisation inquiète le maire, car le temps est compté. Du côté des acteurs socio-professionnels, on se prépare doucement à cet événement.
À la veille du slalom nocturne de Courchevel, Jean-Yves Pachod, maire de la station, a pris un peu de temps pour faire un point sur le dossier Alpes 2030. “On fait partie des stations qui ont été préposées pour organiser une partie de ces JO. Pourquoi Courchevel? Pour les équipements que l’on a déjà comme les tremplins de saut, parce qu’il n’y en a pas partout, et puis pour la piste de l’Eclipse où nous avons organisé les champions du monde en 2023”. Effectivement, la station savoyarde est pressentie pour accueillir, avec presque certitude, le saut à ski, mais aussi des disciplines de ski alpin. Mais lesquelles? Là, c’est plus flou.
“En 2023, aux Mondiaux, nous avons pu organiser toutes les épreuves de vitesse, la descente, le Super G et le géant. Vous allez me dire que ça fait beaucoup. Et donc, au fil du temps, on nous a dit: «Ecoutez ça fait peut-être beaucoup, si le mauvais temps arrive (pendant les JO), est-ce que vous allez être capable de tout organiser?» Et puis on nous a dit aussi que Val-d’Isère, qui avait été préposée pour accueillir le slalom hommes et femmes, n’aurait plus rien. Isola 2000 pareil. On est donc dans l’attente aujourd’hui”, soupire le maire.
La raison? Toujours personne à la tête du comité d’organisation d’Alpes 2030. Et cela inquiète Jean-Yves Pachod. “Parce que malgré notre savoir-faire ici, et ce n’est pas la première fois que l’on organise de grands événements, on sait pertinemment que les JO c’est encore au-dessus. Là, il faut faire tellement de choses en quatre ou cinq ans qu’il faut vraiment se mettre au travail. Il faut qu’on ait livré ces équipements un an avant de façon à se roder. Donc on parle de 2029. Il faudra que les tremplins, et tout ce qui doit être fait soit fait”, explique le maire de Courchevel.
Parce que oui, accueillir des épreuves des Jeux olympiques engendre des travaux et des rénovations, notamment sur les infrastructures. “Les tremplins sont ceux des JO de 92. C’est assez loin et donc, comme le funiculaire, il n’est plus dans les normes. Il faut le refaire. C’est un exemple. Et ça, c’est un coût. Je ne vous donnerai pas de chiffres. Parce que par rapport à ce que l’on va nous demander, il faudra avoir des devis bien précis. D’autre part, la piste doit être rallongée d’une quinzaine de mètres pour être dans les normes. Ça fait des travaux tout ça. La tour des juges, par la même occasion, devra être refaite”, décrit Jean-Yves Pachod.
En plus de cela, la station s’apprête à accueillir de nombreux spectateurs au moment des épreuves en 2030. Pour limiter la circulation, un autre gros investissement est prévu: un ascenseur valléen. Ce dernier permettrait de relier la commune de Bozel à Courchevel directement. “On est en train de travailler dessus. Ce qu’il se passe sur la route aujourd’hui ne peut plus durer. Pendant les vacances de Noël, on avait 11.000 voitures qui montaient le matin et redescendraient le soir. Le bilan carbone n’est pas bon. Et encore, il faisait beau. Imaginez, s’il y a de la neige, alors tout est bloqué. On ne peut plus faire ça. Donc il y a ce projet d’ascenseur valléen. Il faudra obliger les personnes à aller vers Bozel, le village olympique. On travaille dessus pour qu’il soit prêt pour les Jeux”, explique l’édile.
Même si tout cela est encore dans plusieurs années, il y a une certaine effervescence. Anthony Guérin est le responsable de la société White Management à Courchevel. C’est une société de prestation de service et agence immobilière. “Au vu de ce qu’il s’est passé aux JO en 2024 à Paris, ça crée un engouement donc on a hâte de voir ce qu’est capable de faire Alpes 2030 notamment avec Courchevel”. Il ne s’attend pas à avoir des retombées tout de suite, au moment de l’événement, mais plutôt par la suite. “Je ne suis pas persuadé qu’il y aura un pic d’activité au moment des JO. Les jours de compétition, si évidemment. Sur la saison, je ne pense pas. Mais c’est un pari sur l’avenir. Les images qui vont être véhiculées en mondovision, c’est quelque chose d’extraordinaire. Et on profitera des meilleurs investissements.”
Même le maire sent beaucoup dans la station s’intéressent à cette organisation. “Il y a eu cette effervescence mais maintenant tout le monde se pose des questions. Alors finalement on a? On n’a pas? Quelles disciplines? Les gens se posent les mêmes questions que vous me posez. Il ne faut pas être trop inquiet. Il faudra qu’on soit à la hauteur. On l’a toujours été.”
Même si Alpes 2030 n’a pas encore son président, au sein de Courchevel, des réunions se tiennent pour préparer en amont certains aspects. “On a déjà eu, nous commerçants, des réunions pour commencer à anticiper, discuter, d’éventuels politiques tarifaires. Mais aussi pour une mise en lumière et de beauté de la station. Ça sera préparé de la meilleure des manières et on espère être prêt pour 2030”, explique Anthony Guérin. “On l’a vu et entendu, pour Paris 2024, le secteur de l’hébergement avait fait quelques petites erreurs, donc il ne faut pas les reproduire. Il faut bénéficier de ce retour d’expérience pour maintenir nos tarifs habituels. L’objectif de ces investissements, c’est vraiment pour miser sur l’avenir. S’il y a une volonté de faire croître les tarifs, ce n’est pas bon à mon sens”, analyse Guérin.
Source : Lire Plus