Un contrôle routier de routine a conduit mercredi à l’arrestation d’un couple à Remiremont (Vosges), suivi de leur mise en examen dans une affaire de terrorisme. L’homme, âgé de 40 ans, a été placé en détention provisoire et mis en examen pour huit infractions, dont fabrication, acquisition et détention illégales d’explosifs, acquisition non autorisée d’armes et refus d’obtempérer, le tout en lien avec une entreprise terroriste.
La femme, quant à elle, est poursuivie pour quatre infractions, principalement liées à la détention de produits incendiaires, et a été placée sous contrôle judiciaire, a précisé le Parquet national antiterroriste (Pnat).
Mouvance des « citoyens souverains »
Les faits ont débuté mercredi après-midi, lorsqu’un véhicule a été intercepté par les gendarmes au cours d’un contrôle routier. Le conducteur, refusant d’obtempérer, a tenté d’échapper aux forces de l’ordre. Après avoir stoppé la voiture, les gendarmes ont procédé à une fouille du véhicule et découvert des armes et des explosifs. Une perquisition menée au domicile du couple a permis de mettre la main sur d’autres engins explosifs, selon une source proche de l’enquête.
L’homme interpellé est connu pour ses antécédents dans la mouvance d’ultragauche. Il a ensuite évolué vers des idées complotistes et se revendique aujourd’hui des « citoyens souverains », une mouvance radicale née aux Etats-Unis dans les années 1970, qui s’est depuis répandue en Europe. Ses adeptes développent la théorie selon laquelle l’Etat français ne serait pas une véritable entité publique, mais une entreprise privée créée en 1947. Sur cette base, ils refusent de reconnaître la légitimité des lois, des institutions et des impôts.
D’autres personnes impliquées ?
Selon les informations rapportées par Le Parisien, l’homme aurait invoqué son appartenance à cette mouvance pour justifier son refus de se soumettre au contrôle routier. « Les citoyens souverains réunissent des profils divers présentant une même détestation de l’autorité et de l’Etat », a expliqué Sylvain Delouvée, chercheur en psychologie sociale à l’université de Rennes 2. « Paradoxalement, ils répondent, par la loi, pour contester la loi », a-t-il précisé.
La Sous-direction antiterroriste (Sdat), chargée de l’enquête, cherche désormais à éclaircir les motivations du couple et à déterminer si d’autres personnes sont impliquées. Les investigations se poursuivent sur la provenance des armes et des explosifs saisis. Le profil de l’homme intrigue les enquêteurs. Son parcours pourrait, selon les spécialistes, refléter une nouvelle forme de radicalisation hybride mêlant des idéologies opposées dans une contestation commune de l’Etat.