L’essentiel
- Une maison a été détruite et une autre endommagée après une très forte explosion volontaire survenue dans la nuit de samedi à dimanche, à Tergnier, dans l’Aisne.
- Cette explosion s’inscrit dans le cadre d’un long conflit de voisinage entre les propriétaires de la maison détruite et des gens du voyage, installés dans une caravane sur le terrain derrière chez eux.
- Un temps soupçonné, notamment en raison des nombreux actes violents perpétrés ces derniers mois, les gens du voyage sont finalement hors de cause, la propriétaire de la maison détruite ayant avoué avoir commandité l’explosion.
Acte de désespoir. Dimanche dernier, une maison a été entièrement détruite par une explosion à Quessy, une commune rattachée à Tergnier, dans l’Aisne. Une explosion qui intervenait sur fond de conflit de voisinage entre les propriétaires de la maison ravagée et des gens du voyage, installés sur un terrain derrière chez eux. Alors que les soupçons se portaient sur les occupants du terrain, à l’origine de nombreuses violences, c’est finalement celle que l’on pensait victime qui est passée aux aveux selon nos informations, confirmées par le Procureur de la République.
Après 17 ans d’une vie paisible dans leur petite maison de la rue Pasteur, à Tergnier, Betty et Grégory D. ont vu leur quotidien bouleversé quand, en juillet 2023, Angélina G., membre de la communauté des gens du voyage, a installé sa caravane dans le terrain situé juste derrière chez eux. Même si le maire de la commune, Michel Carreau, reconnaît que l’accueil a été plutôt méfiant de la part des habitants, Betty et Grégory ont pris sur eux, allant jusqu’à prêter de l’électricité à leurs nouveaux voisins. Mais, selon le couple, les choses ont dégénéré lorsqu’ils ont dû couper le courant alimentant la caravane parce que cela faisait disjoncter le compteur de leur garage.
De nombreuses plaintes qui n’ont rien donné
Aux insultes quotidiennes proférées par Angélina G., dont le mari était incarcéré pour d’autres raisons, ont succédé des dégradations. D’abord commises par la femme seule, puis par des personnes de sa famille venues lui prêter main-forte. Anne et Martial, voisins mitoyens de Betty et Grégory, ont aussi été pris à partie : « l’été dernier, ils ont attaqué notre maison par l’arrière et ont essayé d’entrer aussi par-devant », explique à 20 Minutes Anne. Sans oublier les dégradations à coups de pierres de barre de fer et le pillage du jardin. Sur les six plaintes déposées par Anne et Martial, aucune n’aboutira.
De leur côté, Betty et Grégory ont aussi déposé de nombreuses plaintes, dont une finira par envoyer le beau-fils d’Angélina G. derrière les barreaux. Mais ça ne calmera pas la situation. « Je craignais que ça finisse mal, et ça a mal fini », déplore auprès de 20 Minutes le maire de Tergnier, qui avait pourtant tenté une médiation, en juillet. En vain. Les choses ont même empiré, en novembre dernier, lorsque le conjoint d’Angélina G. est sorti de prison, assigné à résidence sous bracelet électronique. « Le jour de sa sortie, il nous a tous menacés de mort et la police n’a rien fait », assure Anne.
Malgré tout, cette dernière et son conjoint n’ont pas quitté leur maison au contraire de Betty et Grégory. « Ils sont partis de chez eux en septembre, un peu avant le tournage du reportage de RMC Story sur leur situation », nous explique Alain Lamotte, conseiller municipal d’opposition. Ils dormaient chez des amis, de la famille ou parfois même dans leur voiture. « Au début, ils passaient voir leur maison, puis de moins en moins », se souvient Alain Lamotte. A RMC, Betty avouera être à bout face à une situation pour laquelle elle ne voyait aucune issue.
Une explosion commanditée
Une issue semble néanmoins être arrivée, dimanche dernier, lorsque la maison de Betty et Grégory a été entièrement détruite dans une explosion qui a aussi endommagé celle de leurs voisins mitoyens. Une explosion volontaire comme le suggère l’enquête ouverte par le procureur de Laon, Guillaume Donnadieu, pour « destruction volontaire par moyen dangereux ». Sans désigner directement les gens du voyage installés sur le terrain, le maire de Tergnier a toutefois évoqué ce conflit de voisinage pour expliquer le contexte. D’autant que plusieurs témoins ont vu deux personnes s’enfuir, dont une cagoulée, et qu’un inconnu a été retrouvé blessé sous les gravats.
C’est ce dernier, ainsi qu’un complice interpellé plus tard, qui ont été la clé d’un incroyable rebondissement. Entendus par les enquêteurs, ces hommes originaires de Chauny ont reconnu qu’ils avaient été recrutés par Betty et son mari pour faire brûler leur maison selon nos informations, confirmées par le parquet de Laon. Betty et son compagnon, eux, s’étaient préparé un alibi sous la forme d’un week-end à Paris au moment des faits. Interpellés à leur tour, les propriétaires de la maison détruite ont reconnu les faits, toujours selon nos informations. Eux ont été mis en examen pour « complicité de destruction par moyen dangereux » et « tentative d’escroquerie ». Leurs hommes de main ont été mis en examen pour « destruction du bien d’autrui par moyen dangereux ». Tous ont été placés en détention provisoire.
« On se doutait de quelque chose, la dernière fois que je l’ai vue après l’explosion, elle était tendue, le regard fuyant », affirme Anne. Cette dernière comprend maintenant mieux pourquoi Betty lui avait demandé plusieurs fois confirmation qu’elle ne serait pas chez elle dans la nuit du 28 au 29 décembre. Mais si elle comprend, elle ne pardonne pas le geste : « c’est une trahison, elle n’a pas mesuré les conséquences de ses actes sur ma famille, mes enfants », déplore-t-elle, ajoutant qu’elle comptait désormais déposer plainte contre son ex-voisine.