Yannick Trégaro, une ancienne kayakiste de 60 ans, a confié au Parisien les abus sexuels dont elle a été victime dans sa jeunesse. Dans un témoignage éprouvant, celle qui a ensuite été conseillère technique régionale relate les terribles agressions dont elle a été victime en équipe de France et dans les locaux de l’Insep.
Il lui a fallu du temps, beaucoup de temps, avant de trouver la force de raconter le cauchemar qu’elle a traversé. Yannick Trégaro, une ancienne kayakiste de 60 ans, a confié au Parisien les agressions sexuelles dont elle a été victime dans sa jeunesse. Aujourd’hui membre de l’association Artémis Sport, qui lutte contre les violences et les abus dans le milieu sportif, cette ex-conseillère technique régionale livre un témoignage éprouvant des sévices qu’elle a subis dans les années 1980.
Lors d’un stage en équipe de France de kayak, Yannick Trégaro, alors âgé de 17 ans, raconte avoir été allongée de force sur une table par plusieurs de ses coéquipiers. Pendant que certains la tenaient, l’un d’eux lui a introduit de la mousse à raser et du dentifrice dans le vagin. Plusieurs personnes auraient assisté à la scène. Mis au courant, ses parents impliqués au sein de la Fédération française de canoë-kayak ont fait remonter l’incident. Sans conséquence. “Il ne s’est rien passé. On m’a renvoyée en stage et en compétition avec mes agresseurs”, assure la victime.
Dans la foulée, Yannick Trégaro a vécu l’enfer entre les murs de l’Insep, le centre de préparation des sportifs de haut niveau situé à l’est de Paris. Après avoir débuté une formation pour devenir professeure d’EPS, elle explique avoir été agressée par plusieurs athlètes dans les dortoirs, en compagnie de l’une de ses amies. “Je comprends immédiatement qu’ils vont nous violer. Ils se jettent sur nous. Ma copine se résout à suivre sans résistance l’un d’entre eux dans son lit. Alors que je me débats, les trois autres se mettent à me déshabiller et à me toucher. Pour éviter une tournante, j’ai moi aussi choisi l’un d’entre eux, le leader, un judoka, qui a été très violent avec moi.”
Le judoka en question la violera à nouveau, tout comme un haltérophile. Apeurée et honteuse, Yannick Trégaro n’a pas osé ébruiter son calvaire dans un premier temps. Mais après avoir été victime d’une nouvelle agression sexuelle par un homme qui avait pénétré dans sa chambre avec un couteau, elle a fini par porter plainte. Très marquée par les agressions qu’elle a subies, l’ex-kayakiste a connu d’importants problèmes de santé et des difficultés scolaires. Au point de faire même une tentative de suicide.
En 2022, après avoir longtemps mis de côté son traumatisme, elle s’est décidée de porter plainte pour bizutage, agression sexuelle et viol, même si les faits sont désormais prescrits. “Aujourd’hui, je sais que deux de mes agresseurs à l’Insep sont toujours en poste”, conclut-elle en appelant à la fin de l’omerta et en réclamant un meilleur accompagnement des victimes.
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