Un comité, monté en 2023 par le ministère des Sports, a conclu un rapport sur la transidentité dans le sport de haut niveau. Plusieurs recommandations sont faites. Mais certains experts ont claqué la porte.
Des recommandations divulguées dans la presse… et des critiques avant même qu’il ne soit rendu public. Un comité d’experts – piloté par la championne olympique 1996 de canoë Sandra Forgues et le professeur Jean-François Toussaint (directeur de l’Institut de recherche biomédicale et d’épidémiologie du sport) – a terminé l’écriture d’un rapport sur la transidentité dans le sport de haut niveau. Le document a été remis aux fédérations et au ministère des Sports avant la nomination de Marie Barsacq au gouvernement, selon Le Parisien.
“La prédominance des enjeux sociétaux sur les conclusions scientifiques, transformant le plus souvent ce qui devrait être un débat d’équité en controverses de société”, notent les auteurs du rapport dans un extrait rapporté par L’Équipe. “Personne à ce jour ne semble avoir effectué de transition uniquement dans le but de pratiquer du sport de haut niveau”, rappellent-ils en outre face aux voix qui s’opposent notamment à la présence de sportives transgenres dans les compétitions pour femmes au nom du respect de l’équité sportive et de la protection de l’intégrité des pratiquantes.
Comme le concept de transidentité regroupe diverses situations, en fonction notamment des traitements hormonaux utilisés, du parcours de la transition, du recours à la chirurgie ou encore de l’âge, mais aussi par l’absence de consensus scientifique, le comité nuance sa volonté d’inclusion. Le rapport juge acceptable que chaque sport puisse définir des “règles limitant le droit à la non-discrimination”. Dans ce cas, il faudrait toutefois “la preuve qu’elles sont scientifiquement justifiées”.
À l’heure actuelle, quatre fédérations nationales (roller, rugby, takewondo, triathlon) disposent de textes favorables aux transgenres. À l’inverse, l’athlétisme, le cyclisme et la natation s’alignent sur leur instance dirigeante internationale avec une réglementation défavorable.
Comme le comité ne ferme pas la porte aux exclusions de catégorie, il recommande la création de co-classements si nécessaire. Par exemple: dans une course féminine avec un règlement restrictif, deux troisièmes seraient désignées si une femme transgenre arrive en troisième position devant une femme cisgenre (dont l’identité de genre correspond au sexe assigné à la naissance, soit l’inverse de transgenre). Cette dernière serait donc aussi classée troisième.
Le rapport recommande de surcroît la création d’un “observatoire national de la transidentité dans le sport” et la “mise en place d’un cadre de suivi des performances individuelles”. Mais ce dernier point a provoqué la démission de trois experts qui dénoncent un “discours idéologique et discriminatoire”, rapporte L’Équipe.
Une décision dénoncée par la co-présidente Sandra Forgues, qui a annoncé sa transition en 2016. “L’absence de tout protocole de validation ou de test démontre un positionnement idéologique pur, plutôt qu’une approche scientifique et pragmatique. (…) L’inclusion se construit par la pédagogie, l’empathie et la stratégie, non par la confrontation”.
À l’annonce de la création en 2023 de ce comité par Amélie Oudéa-Castéra, alors ministre des Sports en exercice, il était prévu que les orientations de ce rapport soient discutées au sein notamment du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) et avec les fédérations. Avec l’idée que ces conclusions se traduisent “concrètement” après les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.
Source : Lire Plus