C’est un tout jeune homme « abattu » que Me Pierre-Alexis Blevin a rencontré. Emporté par un tourbillon médiatique qui l’a complètement dépassé, son client se trouve au cœur d’une procédure qu’il n’aurait jamais imaginé vivre. Accusé d’avoir récupéré une adolescente de 13 ans dans sa commune de Pabu (Côtes-d’Armor) puis de l’avoir cachée dans son appartement d’un foyer de jeunes travailleurs de Coutances (Manche), Adrien a été mis en examen pour soustraction de mineur. Mais pas seulement. Agé de 21 ans, le jeune homme originaire d’Ille-et-Vilaine est aussi mis en examen pour viol.
S’il avance une relation « consentie » avec la jeune Morgane, le mis en cause se heurte à la loi française. A 13 ans, l’adolescente ne peut pas être jugée consentante. Aux yeux de la loi adoptée en 2021, l’écart d’âge supérieur à cinq ans lui fait porter la suspicion d’un crime que son avocat cherche à tout prix à écarter. « Ce sont deux gamins insouciants, inconscients de ce qu’ils ont fait. Mon client, ce n’est pas un mauvais gamin. Il est très loin de l’image du vilain kidnappeur qu’on lui a collée. C’est un garçon de 21 ans particulièrement immature », défend Me Pierre Alexis Blevin.
L’avocat du barreau de Saint-Brieuc n’a pas eu beaucoup de temps pour apprendre à connaître son client. Mais selon lui, le jeune homme n’a jamais eu conscience de la gravité des faits qui pourraient lui être reprochés. Le 25 novembre, il s’est pourtant rendu à Pabu pour chercher Morgane, avec qui il échangeait depuis trois mois sur Snapchat.
« Il a voulu l’aider et c’est tout »
L’adolescente, victime de harcèlement et de plus en plus addict aux réseaux sociaux, lui avait demandé de venir l’aider, après une violente dispute avec ses parents et des amies. « Il n’y a pas eu de séquestration, pas de kidnapping. Il a voulu l’aider, il est venu la chercher et c’est tout ». L’avocat ne souhaite pas aborder les quinze jours où l’adolescente est restée dans la chambre du foyer avec pour seule compagnie un ordinateur connecté à Internet. « Ils savaient ce qu’ils faisaient. Mais je ne peux pas en parler », explique le conseil, soumis au secret de l’instruction.
Mis en examen pour viol, Adrien a été placé en détention provisoire par le juge de la liberté et de la détention. Son avocat a fait appel de la décision, afin qu’il puisse profiter d’un simple contrôle judiciaire lui permettant de reprendre son emploi dans une bijouterie. « Mon client ne se sent pas véritablement coupable. Il n’a pas l’impression d’avoir fait du mal à quelqu’un. Au contraire, il y avait un certain attachement à cette relation ». Le procureur de la République de Saint-Brieuc a fait savoir que la victime « était en bonne santé » mais qu’elle faisait l’objet d’un important soutien psychologique.
Déjà impliqué dans des faits similaires
Celui qui est présenté comme l’agresseur devrait suivre les mêmes soins. Se disant lui-même victime de harcèlement dans sa jeunesse, Adrien avait déjà fait une tentative de suicide par le passé. Depuis quelques années, il s’était créé une nouvelle vie en se faisant des amis virtuels sur les réseaux sociaux. « De faux amis » comme il l’a lui même expliqué aux enquêteurs. Des personnes avec qui il échangeait régulièrement et à qui il essayait de venir en aide.
Retrouvez notre dossier sur les disparitions
En avril, il s’était déjà rendu aux abords d’un collège de l’Oise pour y récupérer une adolescente de 14 ans qui lui avait fait part de son mal-être et qui lui avait demandé de l’aide. Adrien devait être jugé mercredi 11 décembre par le tribunal de Beauvais pour ces faits de soustraction de mineure. Absent car en garde à vue, il ne sera jugé qu’ultérieurement dans ce dossier, qui a pris une tournure médiatique inattendue depuis la disparition de Morgane.