La suspicion reste de mise. La justice américaine a laissé vendredi en liberté conditionnelle une femme présentée comme résidente russe aux Etats-Unis et qui risque cinq ans de prison pour avoir pris « clandestinement » un vol New York-Paris, avant d’être renvoyée par la France.
L’histoire rocambolesque de Svetlana Dali, 57 ans, a mobilisé depuis dix jours les autorités américaines et françaises, mais reste entourée d’un mystère depuis qu’elle s’est faufilée le 26 novembre sur un vol Delta Air Lines depuis l’aéroport new-yorkais JFK au parisien Roissy-Charles-de-Gaulle. Elle a déjoué à JFK tous les contrôles, sans billet d’avion, ni carte d’embarquement, ni passeport valide, ni visa européen.
Assignée à résidence
Svetlana Dali a comparu jeudi et vendredi devant le tribunal fédéral de Brooklyn, dans l’est de New York, qui l’a laissée libre mais à plusieurs conditions : elle sera assignée à « résidence avec un ami dans une église de Philadelphie, sous surveillance GPS et couvre-feu, avec obligation de soins psychologiques », a détaillé un porte-parole judiciaire. Elle ne pourra quitter cette grande ville du nord-est que pour des rendez-vous avec la justice ou son avocat en vue de son procès.
Car après enquête et déposition de la police fédérale (FBI), la justice, qui n’a pas confirmé officiellement sa nationalité russe et son statut légal aux Etats-Unis, l’a inculpée pour avoir été « passagère clandestine » dans un avion. Un délit pour lequel elle encourt « jusqu’à cinq années » d’emprisonnement et la perte de son éventuel titre de séjour américain, selon une source judiciaire.
Pas de trace d’empoisonnement
Svetlana Dali n’a plaidé ni coupable, ni non coupable, ni n’a expliqué pourquoi elle avait voulu embarquer à tout prix vers Paris le 26 novembre au soir. Après avoir trompé tous les contrôles à la frontière, de sécurité et à l’embarquement, notamment en se mêlant à une équipe d’une compagnie aérienne espagnole, elle s’était fait repérer en plein vol de nuit par le personnel de Delta Air Lines qui la voyait aller sans cesse aux toilettes, sans siège attribué.
Prévenue, la police française l’avait interpellée à Roissy. Elle avait expliqué aux autorités françaises faire l’objet d’un empoisonnement au polonium de la part des services secrets russes, sans que les analyses médicales ne permettent de le confirmer. Après une semaine en « zone d’attente pour personnes en instance », sans aucun titre pour rentrer en Europe, munie, selon une source aéroportuaire française, d’un « passeport russe » périmé et d’une « carte verte » pour résider et travailler légalement aux Etats-Unis, la quinquagénaire avait fini par rembarquer sur un vol retour vers New York le 4 décembre.