Exprimer sa foi, dépasser ses limites sportives, profiter de paysages pittoresques… De nombreuses raisons ont poussé plus de 446.000 pèlerins à parcourir la totalité ou une partie du chemin de Compostelle en 2023. Parmi eux, le gouvernement espagnol a recensé environ 53 % de femmes. Si certaines d’entre elles réalisent le défi en famille ou entre amis, d’autres décident de se lancer dans cette aventure en solo, malgré les risques d’agressions sexuelles. Selon une récente enquête du Guardian, celles-ci seraient monnaie courante.
« Le harcèlement sexuel est endémique sur le Camino, assure Lorena Gaibor, fondatrice de Camigas, un forum en ligne lancé en 2015 qui permet aux femmes pèlerines d’entrer en relation. Cela semble très courant. Chaque année, nous recevons des témoignages de femmes qui subissent les mêmes choses. » Rosie, une pèlerine de 25 ans, raconte avoir croisé un homme qui se masturbait en la regardant, alors qu’elle traversait une forêt portugaise. L’homme l’a même suivie, mais la jeune femme a réussi à s’enfuir. « Cet élément supplémentaire auquel les randonneuses sont confrontées, cet énorme problème de sécurité, affecte complètement leur capacité à relever ces autres défis ou à en profiter comme le font les autres », déplore-t-elle.
La police portugaise a déclaré avoir reçu cinq signalements de pèlerines pour des faits d’exhibitionnisme depuis 2023, mais aucun suspect n’a été identifié. Parmi les neuf femmes qui ont livré leur témoignage au Guardian, six ont contacté la police, mais une seule d’entre elles a vu son agresseur retrouvé et poursuivi. D’autres cas, partagés dans la presse française, montrent qu’il ne s’agit pas de mauvaises expériences isolées, indique Libération. En octobre 2023, un habitant des Landes avait agressé sexuellement une Danoise âgée de 37 ans. En mars 2024, deux randonneuses suisse et française ont porté plainte après avoir subi des agressions sexuelles dans un gîte des Pyrénées-Atlantiques.
Les dangers qui planent sur les femmes s’attaquant au chemin de Compostelle sont en réalité bien connus depuis 2015, lorsqu’un Espagnol avait assassiné une Américaine de 40 ans après l’avoir attirée chez lui en plaçant de faux panneaux d’indications. Face à cette situation préoccupante, le gouvernement espagnol a lancé une campagne de sécurité en 2021, afin d’informer les femmes sur la façon de contacter les services d’urgence. Les patrouilles auraient également été renforcées afin de lutter contre tout type d’incident.