Quatre enfants d’une même famille ont subi les agressions sexuelles de ce prêtre. Philippe Pouzet, 70 ans, a été condamné vendredi à 18 ans de prison pour un viol commis en 1994 et des agressions sexuelles en 2017. Il a également été condamné à une injonction de soins, un suivi sociojudiciaire de cinq ans, une interdiction de se rendre dans le Cantal, où il a commis ses crimes, et une interdiction à vie de toute activité avec des mineurs.
A l’issue de son procès devant la cour d’assises du Cantal, l’avocat général Paolo Giambiasi avait réclamé 15 ans de prison « pour la société, et pour […] rendre justice » à la famille des victimes.
Des soirées au presbytère
La famille nombreuse de sept enfants, isolée, a été la cible de celui qui, curé de Massiac de 2011 à 201, organisait des soirées au presbytère, offrait des cadeaux, prêtait sa voiture ou réglait un forfait téléphonique. Au cours de l’audience, Philippe Pouzet a reconnu des dizaines d’agressions sexuelles et le viol d’un adolescent de 14 ans, tout en assurant que les enfants étaient à l’initiative ou « en recherche d’eux-mêmes ».
« Il ne reconnaît pas aux victimes leur statut », a estimé Me Jean-François Canis, avocat des familles « Je suis bouleversé de toute la douleur qui est remontée à la surface. J’en suis le seul responsable », a finalement déclaré l’accusé avant que la cour ne se retire. Au total, dix victimes ont été entendues et un cinquième enfant de la famille a affirmé avoir été lui-même violé.
L’Eglise a fermé les yeux
L’enquête avait montré que l’Église, consciente des failles du curé, n’avait pas interrompu sa carrière : elle avait notamment relevé à son sujet « des problèmes d’affectivité », des « moments d’abandon » qui avaient conduit à des « incidents ». En 1984 à Sommières (Gard), alors maître d’internat, il avait été jugé pour « attentat à la pudeur », après avoir agressé sexuellement deux enfants.
« On relit l’histoire en sachant ce qu’il s’est passé », s’est justifié Mgr Bruno Grua, ancien évêque de Saint-Flour, ajoutant : « Bien sûr que, de temps en temps, je me dis que j’aurais dû être plus vigilant. » Une directrice d’enquête venue témoigner a estimé qu’une dizaine de prêtres étaient au courant : « Je ne sais pas pourquoi il n’a pas été écarté de son sacerdoce. »