C’est un contretemps dont ce serait bien passé la justice. Mercredi, Taha O., le principal suspect du meurtre de la jeune Philippine a refusé d’être extradé vers la France. Ce ressortissant marocain de 22 ans a été interpellé en Suisse le 24 septembre, trois jours après la découverte du corps de l’étudiante dans le bois de Boulogne. « Cela ne signifie pas qu’il n’y aura pas d’extradition et qu’il ne pourra jamais être jugé en France, cela veut dire que cela ne va pas passer par une procédure simplifiée », nuance d’emblée une source judiciaire.
Les autorités françaises avaient dix-huit jours à compter de son interpellation pour déposer une demande d’extradition en bonne et due forme. Ce qu’elles ont fait le 9 octobre. Une semaine plus tard, c’est-à-dire ce mercredi 16 octobre, Taha O. a donc été entendu, comme le veut la procédure, par le procureur de Genève. Il ne s’agissait pas de l’interroger sur le fond du dossier mais sur son positionnement vis-à-vis de l’extradition. Consent-il à une procédure simplifiée qui aurait permis un retour en France en quelques jours, quelques semaines maximum ? Ce qu’il a refusé.
Des recours possibles
C’est désormais à l’Office fédéral de la justice suisse de statuer. La procédure va passer par une voix classique : vérifier que les différents critères sont remplis, que la demande est conforme. Compte tenu de la nature des faits reprochés à Taha O. et de la nature des relations entre la France et la Suisse, difficile d’imaginer que celle-ci soit refusée in fine. Le dossier n’est pas de nature politique, la peine de mort n’est pas encourue, les faits n’ont pas été commis en Suisse, ils ne sont pas prescrits… « La justice suisse ne va pas du tout aborder le fond du dossier mais s’attacher à vérifier la régularité de la demande », poursuit cette source judiciaire. Hormis un vice de procédure majeur, rien ne semble de nature à empêcher le retour de Taha O. en France.
Toutefois, la décision de Taha O. pourrait avoir des conséquences sur le calendrier. Si l’Office fédéral estime qu’il doit être renvoyé en France, celui-ci à huit jours pour déposer un recours auprès du tribunal pénal fédéral, il peut par la suite se pourvoir devant le tribunal fédéral, la plus haute institution helvète. Il est donc tout à fait envisageable que la procédure prenne plusieurs mois.
L’enquête se poursuit
Entre-temps, Taha O. a le droit de déposer des demandes de remise en liberté. « C’est son droit mais de-là à ce qu’elles soient accordées… », poursuit cette source. Car hormis les soupçons qui pèsent à son encontre dans l’affaire Philippine, l’homme a déjà été condamné pour un viol commis lorsqu’il était mineur. Il a été libéré en juin 2024, à l’issue de sa peine et était sous le coup d’une obligation de quitter le territoire (OQTF) qui n’a pas pu être exécutée.
S’il est extradé vers la France, Taha O. sera présenté à un juge d’instruction en vue d’être mis en examen. Son absence n’empêche toutefois pas les investigations de se poursuivre, notamment pour tenter de retracer les dernières heures de l’étudiante et comprendre comment son chemin a pu croiser celui du suspect.