A Plaine et Saint-Blaise-la-Roche (Bas-Rhin),
La flamme, artificielle, brille encore. A côté de cette bougie LED, de nombreux portraits de Lina. Des dessins, des cœurs, des fleurs, un ours en peluche aussi, ou encore une banderole « joyeux anniversaire »… Le tronc de cet arbre est constellé de souvenirs et autres hommages à la jeune fille disparue le 23 septembre 2023.
C’était là, sur cette route départementale 350, que l’adolescente a été vue pour la dernière fois. Plus d’un an plus tard, son corps sans vie a été retrouvé mercredi dans la Nièvre. L’épilogue, ou presque, d’une sombre affaire qui aura marqué un territoire. De son domicile de Champenay, d’où Lina était partie à pied pour la gare voisine de Saint-Blaise-la-Roche (Bas-Rhin), aux alentours.
« Vous savez, c’est très étendu la commune de Plaine. Elle habitait un hameau, mais il y en a d’autres et tout le monde se sentait concerné dans le coin », témoigne Marie-Madeleine. La retraitée est l’une des rares à s’exprimer en ce jeudi matin pluvieux. Les journalistes ne sont pas vraiment les bienvenus au lendemain de la terrible annonce.
« Je ne vous parle pas, un de vos confrères m’a eue une fois », répond la gérante de la supérette où avait, un temps, travaillé la victime. D’autres sont moins polis ou fuient, sans un mot. « Aujourd’hui, on accuse le coup », résume une dame avant de presser le pas.
« Qu’est-ce qu’on peut dire de plus ? », interroge un habitant de Champenay en pensant « à la famille (qui) va pouvoir faire son deuil ». L’expression revient chez plusieurs personnes. « Bien sûr que ce n’est pas une bonne nouvelle qu’elle soit morte mais peut-être que ses proches vont pouvoir avancer maintenant », tente Edwin, remonté contre le principal suspect dans cette disparition, Samuel Gonin.
« C’est dommage que le faux cul (sic) se soit tué, on ne pourra pas l’entendre », insiste-t-il en référence au suicide du quadragénaire en juillet dernier à Besançon. « Il n’a pas eu le courage d’assumer », ajoute-t-on à la station-service de Saint-Blaise-la-Roche.
Mais au-delà de ce sentiment d’injustice, tous le disent : Lina n’est pas près d’être effacée des mémoires. « On ne l’oubliera jamais », assure Edwin. « On suivait tous l’affaire dans le coin, on écoutait toujours pour savoir s’il y avait des nouvelles. » Jusqu’à la dernière en date, donc, qui ôte définitivement tout espoir. « J’ai aussi une fille à peu près du même âge et je n’imagine pas la douleur que ça doit être de perdre son enfant », reprend la tenancière du garage. « On pense à ses proches et à ceux qui restent ».
« Ça doit être vraiment dur pour la maman, je n’aimerais pas être à sa place », prolonge Marie-Madeleine, qui ne connaissait pas directement la jeune fille. « Mais mon fils oui. Ce serait bien qu’on marque le coup pour dire qu’on pense à Lina. Une marche serait le mieux, ça permettrait de regrouper Plaine. Moi j’irais. » Pour un ultime adieu.