La société chiffre le détournement à « 100 millions d’euros ». En juillet, l’enseigne française de magasins de vêtements Kiabi a découvert avoir été victime d’une « fraude financière sophistiquée d’ampleur », a indiqué ce vendredi la direction à l’AFP, confirmant des informations de France Info. Que s’est-il passé ? On fait le point.
Une ancienne trésorière de Kiabi soupçonnée
Selon France Info, c’est une ancienne trésorière de l’enseigne de vêtements à bas prix qui a été interpellée le 12 août par la police judiciaire à sa sortie d’un jet privé sur la piste de l’aéroport de Figari, en Corse-du-Sud. Cette femme de 39 ans, installée depuis quelques mois en Floride pour y travailler dans le luxe, a été placée en détention provisoire, précise le média.
À l’issue de la garde à vue, l’ancienne collaboratrice de Kiabi a été ramenée à Paris, où un juge d’instruction l’a mise en examen pour « escroquerie et blanchiment en bande organisée ». Les enquêteurs n’imaginent pas qu’elle ait pu agir seule dans cette affaire, indique la radio.
Comment l’enseigne a-t-elle découvert le pot aux roses ?
C’est à la mi-juillet que, toujours selon France Info, Kiabi a cherché à récupérer un investissement réalisé un an plus tôt. L’ex-comptable avait à cette époque, en 2023, placé 100 millions sur un compte dans l’optique de récupérer des intérêts. Au bout d’un an, l’entreprise s’est donc rapprochée de la banque. Elle a alors découvert que l’argent s’était « volatilisé », selon la technique des « comptes rebonds », ces comptes alimentés par de multiples transferts de fonds en provenance de l’étranger sans qu’on puisse établir un lien quelconque.
« Cette fraude ne remet en aucun cas en cause la solidité financière de Kiabi et n’a pas de conséquence sur le maintien de notre trajectoire annuelle », a ajouté une source chez Kiabi, qui n’a, ni confirmé, ni démenti le montant du détournement.
« Nous avons immédiatement lancé toutes les actions nécessaires, y compris judiciaires, afin d’obtenir le recouvrement du montant de la fraude. Nous avons toute confiance dans le dénouement des actions menées par les autorités judiciaires et policières impliquées », a fait savoir, ce vendredi, la direction de Kiabi.
Qui est cette femme de 39 ans ?
La trentenaire, qui a des origines napolitaines et corses, travaillait pour un groupe spécialisé dans le luxe, selon le portrait dressé par France Info. Un portrait sur Internet la décrit comme gestionnaire de patrimoine avec pour principale réalisation l’aménagement du hangar du jet privé d’un célèbre DJ américain.
L’ex-trésorière est d’ailleurs très présente sur les réseaux sociaux, ce qui a permis aux enquêteurs de la localiser rapidement. Elle s’affiche en photo sur une île grecque lors d’une fiesta, puis sur la côte amalfitaine en Italie. C’est là qu’elle va prendre un jet privé pour rejoindre la Corse avec, dans ses bagages, des bijoux et des affaires de luxe.
Dans son enquête, le journaliste de France Info assure aussi avoir découvert que cette femme « avait été condamnée par le tribunal correctionnel de Paris à deux ans de prison avec sursis pour une escroquerie au préjudice d’une autre entreprise, cette fois à près de 800.000 euros ». C’était quelques jours avant le transfert d’argent chez Kiabi.