Une « agression homophobe honteuse ». C’est ainsi qu’Othman Nasrou, le tout nouveau secrétaire d’Etat chargé de la Lutte contre les discriminations a qualifié l’agression de Paul, 17 ans, samedi après-midi dans un parc public de Mazamet (Tarn). Trois mineurs sont poursuivis ce lundi. Le point sur l’enquête et les circonstances de ce tabassage en règle.
Que s’est-il passé samedi après-midi à Mazamet ?
Pourquoi une dizaine de jeunes (filles et garçons confondus) ont-ils pris à partie un jeune homme de 17 ans dans un jardin public avant de le rouer de coups ? Selon La Dépêche du Midi qui a recueilli le témoignage de « Sandy », la mère de la victime, Paul se rendait à la gare, accompagné d’une amie avec qui il venait de passer l’après-midi, pour rejoindre son domicile dans un petit village voisin. Les deux adolescents ont alors croisé une jeune fille, vague connaissance, qui leur a demandé s’ils étaient ensemble. Paul aurait alors répondu que non, puisqu’il « aimait les garçons ». Apprenant cela, la « curieuse » aurait rameuté des « cousins », pour lui donner une leçon.
Paul, dont le quotidien régional publie une photo du visage tuméfié, a fini à l’hôpital tout comme son amie.
De quoi sont soupçonnés les trois jeunes interpellés ?
Trois mineurs, qui auraient moins de 15 ans, ont été déférés au parquet ce lundi à l’issue de leur garde à vue. Selon Elodie Buguel, la procureure de la République de Castres, ils sont poursuivis « pour des faits de violences aggravées par deux circonstances », la commission des violences « en réunion et le caractère homophobe de l’acte ». La magistrate estime « qu’il y a suffisamment d’éléments pour établir le caractère homophobe de l’agression ».
Pour le maire de Mazamet, Olivier Fabre (DVD), le mobile homophobe est aussi « clairement établi ». « On est tous abasourdis de se dire qu’on peut se réveiller un matin en 2024 […] et découvrir qu’il y a un jeune de 17 ans qui se fait tabasser parce qu’il est homo », a-t-il déclaré à l’AFP.
Selon l’édile, qui s’est entretenu avec la mère de Paul, les agresseurs présumés se sont ensuite rendus à l’hôpital pour tenter de dissuader la victime et sa mère de porter plainte. Des faits additionnels sur lesquels la procureure a indiqué n’avoir « aucun élément à ce stade ». Par ailleurs, Olivier Fabre a confié à BFM que les suspects sont issus de familles « connues » dans la commune, qui forment « une sorte de clan ».
Les trois suspects ont été placés sous contrôle judiciaire.
Comment se défendent les agresseurs ?
Si deux des trois mis en cause reconnaissent « avoir porté quelques coups », ils nient le caractère homophobe de l’agression, a précisé à l’AFP leur avocat, Jean-Antoine Escande. « On est plus dans une sorte de rivalité géographique […] On avait quelques conflits d’ego entre jeunes gens qui ont vite dérapé, et le rapport des forces a fait que rapidement, il y en a un qui a dégusté beaucoup plus que tout le monde », explique l’avocat, soulignant que « l’enquête n’est pas encore complètement pliée ».
Paul a reçu de nombreux soutiens. Celui de l’association Stop homophobie mais aussi de celui de Carole Delga. « Il nous faut une justice intransigeante et ne rien lâcher sur la prévention et l’éducation pour que chacun puisse vivre librement sa sexualité sans discrimination », a réagi sur X la présidente socialiste de la région Occitanie.