«J’ai peur de rouvrir, je ne sais pas quoi faire. » Cindy Fevre, responsable du restaurant casher O’Laffa, à Villeurbanne, près de Lyon, est choquée, « désemparée » mais surtout « apeurée ». Dans la nuit, son établissement, qu’elle a ouvert en août 2023, a été visé par de sérieux actes de vandalisme.
« Quand je me suis réveillée, j’ai été alertée par des photos sur les réseaux sociaux, indique-t-elle à 20 Minutes. Quand je me suis rendue sur place, j’ai vu les tags ”Free Gaza”, de la peinture rouge qui rappelle des taches de sang et toutes les vitres cassées avec d’énormes trous, on dirait que c’est fait par un marteau, ou pire, par des balles. Ça fait vraiment peur. »
Cette femme de confession juive explique qu’elle faisait 200 couverts par jour jusqu’à l’attaque du 7 octobre dernier. « Les gens de la communauté ont peur, en l’espace de quelques mois, j’ai baissé de 60 % mon activité, détaille-t-elle. Malgré ces événements, tout se passait plutôt bien dans le quartier. J’ai eu quelques insultes et des actes de délation, mais rien qui nécessitait d’être signalé. Là, c’est très grave. La police m’a dit que c’était une menace de mort. »
Elle explique avoir « la boule au ventre ». « Comment on va faire désormais ? Est-ce qu’on va continuer de vivre ici ?, interroge-t-elle. J’ai peur quand je dépose mes enfants à l’école, j’ai peur de rouvrir mon établissement. Mon employée, musulmane, n’ose pas revenir travailler. » Cindy Fevre ne « comprend pas » pourquoi elle a été visée. « C’est un restaurant casher mais tout le monde est le bienvenu. Et quant à notre religion, on la pratique mais chez nous. »
La responsable d’O’Laffa précise qu’elle va déposer plainte. « La police, les experts et même le maire de Villeurbanne sont passés ce mardi matin, souligne-t-elle. Dans toute cette ambiance, ça fait plaisir de se sentir soutenue. » Dans un communiqué, Cédric Van Styvendael a condamné « ces actes intolérables de violence ». Il rappelle « qu’il n’y a pas et ne peut pas y avoir de prétexte à l’antisémitisme et que l’antisémitisme n’est pas une opinion, mais un crime ».