Porte-drapeau à Tokyo, cinq médailles olympiques décrochées et 24 titres en Grand Chelem: à 53 ans, la légende Stéphane Houdet participe à ses cinquièmes Jeux paralympiques et ne compte pas arrêter de sitôt. Lui qui les a découverts en 2008 à Pékin est heureux de constater la belle évolution que connaît le handisport.
Le 1er septembre prochain, Stéphane Houdet débutera ses cinquièmes Jeux paralympiques à Paris (28 août-8 septembre). Un Roland-Garros complet attend les para-athlètes de tennis fauteuil. Preuve de la belle évolution que connaît le handisport. Entre explications et anecdotes, sur l’Intégrale Sport de RMC, Stéphane Houdet revient sur son palmarès (monstrueux), son parcours et comment le tennis fauteuil (et pas que) a bien évolué depuis ses débuts paralympiques en 2008.
Trois médailles d’or olympiques, 24 titres en Grand Chelem (simple et double confondus), on peut clairement parler de légende du fauteuil tennis et du handisport français. À 53 ans, Stéphane Houdet ne vient pas à Paris en pré-retraite, bien au contraire. “A Paris ou ailleurs j’y serais allé quand même, car j’envisage même que ces Jeux paralympiques ne soient pas un point final à ma carrière, je regarde déjà Los Angeles et Brisbane”, annonce clairement le para-athlète tricolore.
Une carrière longue comme le bras, marquée par de nombreux prestigieux titres, le pratiquant de tennis fauteuil en a vu des adversaires. Mais depuis quelques années, le Français se confronte à certains de plus en plus jeunes, ce qui donne lieu à de drôles d’anecdotes. “A l’US Open en 2023, j’ai battu le numéro 1 mondial. Au moment de la remise des prix, il me disait que j’étais plus âgé que son père et que lui-même était plus vieux que mes enfants”, sourit-il.
À l’inverse des joueurs de tennis qui sont contraints de s’arrêter à 40 ans, ou avant, les para-athlètes, comme Stéphane Houdet (53 ans) peuvent, eux, continuer de performer. “Quand on joue en fauteuil et qu’on est amputé comme moi, on n’utilise pas nos membres inférieurs, on n’est quasiment jamais dans le rouge niveau cardiaque non plus. Et surtout, une fois que j’ai fini mon match, je mets ma prothèse, je repose mes membres supérieurs”, détaille-t-il. Alors, pour ses cinquièmes Jeux, l’amoureux de sport vient chercher une sixième médaille olympique (après ses trois breloques en or, une en argent et une en bronze).
S’il a vu Yannick Noah remporter Roland-Garros le 5 juin 1983, c’est avec cette image en tête qu’il “a grandi avec ce sport”. Avant d’entrevoir une carrière professionnelle dans le handisport, Stéphane Houdet est devenu docteur vétérinaire et a exercé pendant neuf ans. Alors encore en possession de l’intégralité de ses membres, c’est lors d’un voyage (un tour des capitales européennes), pour célébrer sa nouvelle association professionnelle, que le Nazairien se retrouve percuté à moto. “J’ai fait une faute, un mauvais dépassement, j’ai touché la voiture qui était en face, c’était en Autriche, à côté de Salzbourg, a-t-il confié. “Et de complications médicales en tentatives de réparation, huit ans plus tard, j’ai choisi que l’amputation et la pose d’une prothèse seraient bien plus fonctionnelles que ma jambe raide.”
Alors, devant accepter cette nouvelle situation, le père de famille rencontre le célèbre footballeur hollandais Johan Cruyff, très engagé dans le développement du sport pour les enfants en situation de handicap. “Il m’a fait découvrir le tennis paralympique qui se joue en fauteuil roulant, je me suis dit il faut que j’essaye. J’avais une raquette dans ma chambre, je tapais des balles contre le mur, comme je le faisais quand j’étais gamin, et c’est parti, c’était la possibilité d’un début de carrière professionnelle”, raconte le Français.
Mais avant de pouvoir pratiquer un sport paralympique, le premier défi de Stéphane Houdet a d’abord été de “réussir à continuer de vivre tant bien que mal” après son accident. “Je n’arrivais même pas à mettre ma cuillère dans la bouche”, avoue-t-il. “Mais le sport et la compétition me caractérisent depuis petit, alors petit à petit, j’ai retrouvé les joies du sport avec d’abord le golf et ça a contribué à ma reconstruction.”
Avant de remporter 24 titres en Grand Chelem, le natif de Saint-Lazaire a été n°1 français puis européen en handigolf. Participant à ses cinquièmes Jeux paralympiques à Paris, comme ses coéquipiers de la délégation française de tennis fauteuil, Stéphane Houdet est entraîné par Yannick Noah. “En parallèle de tous nos entraînements de tennis, pour se détendre on a tapé des balles de golf avec Yannick (Noah), et il m’a mis une raclée. Il ne s’est pas gêné de raconter qu’il avait battu l’ancien n°1 français.
A 38 ans, Stéphane Houdet débutait sa carrière paralympique. À Pékin, il décrochait sa première médaille d’or (en double avec Michaël Jeremiasz). Seize ans plus tard, avec quatre médailles de plus à son palmarès et la mythique mission d’être porte-drapeau à Tokyo (avec Sandrine Martinet-Aurières), L’expérimenté para-athlète a bien vu le handisport évolué, pour son plus grand plaisir.
“On est sur un chemin, et il est grandissant. Rien que le fait de vous parler aujourd’hui, c’est un changement. Pareil, je n’ai pas le souvenir qu’en 2008, il n’y ait autant d’engouement. Et là, quand on voit que maintenant le comité d’organisation décide d’associer les olympiens aux paralympiens, c’est une belle évolution”, s’est-il félicité. Avec ma famille, on regardait pour prendre des billets pour le 1er septembre (où il dispute son premier tour), en on s’est rendu compte que c’était complet. Ça témoigne du chemin parcouru.”
En dehors de l’engouement, le jeu a aussi évolué selon le triple médaillé olympique. “Il n’y a qu’une règle qui diffère du tennis debout (droit à un deuxième rebond sur le cours). Mais en Grand Chelem par exemple, 90% des coups sont joués après un seul rebond, les joueurs cherchent à prendre de vitesse leur adversaire, ça va de plus en plus vite”, se réjouit-il. Le spectacle qui est offert permet aux gens d’avoir une lecture sportive avant d’être médicale ou sociétale.
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