Imane Khelif, médaille d’or autour du cou, est rentrée chez elle vendredi soir dans son village natal, en laissant les polémiques sur son genre aux Jeux olympiques de Paris. A Tiaret, devant une foule en liesse, la boxeuse a été accueillie comme une héroïne.
Douze ans que l’Algérie attendait une médaille d’or olympique. Après l’athlète Taoufik Makhloufi en 2012 sur le 1.500m, les Jeux olympiques de Paris (26 juillet-11 août) ont été très prolifiques pour les Algériens, avec une breloque de bronze décrochée par Djamel Sedjati et deux en or grâce à la gymnaste Kaylia Nemour et la boxeuse Imane Khelif.
Alors le retour sur le continent africain de cette dernière, qui a rendu fier les 45 millions d’Algériens ne pouvait qu’être triomphal. Des miliers de supporteurs se sont déplacés vendredi dans les rues de Tiaret (à 340 km au sud-ouest d’Alger), pour féliciter la championne olympique Imane Khelif, selon un correspondant de l’Agence France Presse (AFP).
Alors cette longue polémique (qui a aussi touché la Taïwanaise Lin Yu-Ting, médaillée d’or en moins de 57 kg à Paris) supléée à une édition 2021 à Tokyo sans médaille olympique pour l’Algérie a rendu ses supporteurs encore plus euphoriques.
Imane Khelif, médaille d’or autour du cou, est arrivée à Tiaret en train de parader sur un bus escorté par des véhicules de la gendarmerie. “C’est un accueil chaleureux que j’ai reçu aujourd’hui dans ma ville”, a apprécié la combattante de 25 ans. Les milliers d’Algériens présents ont lancés de nombreux “Imane Khelif, Imane Khelif, Imane Khelif”.
Cet accueil a été si particulier pour la boxeuse parce que sa quinzaine olympique sur le plan extra-sportif a été à l’opposé total de ses performances dans le ring. De nombreuses personnes ont tenté de salir, par une polémique constante sur son genre, les quatre victoires olympiques (dont une avant la limite) d’Imane Khelif à Paris .
Quand certains ont usé de propos transphobes, d’autres parlaient d’un avantage illégal, car Imane Khelif était une boxeuse hyperandrogène. Après selon elle, un cyberharcèlement vécu, l’Algérienne a déposé plainte.
Interrogée lors de son retour sur cette plainte déposée, Imane Khelif n’a pas voulu répondre. “C’est jour de fête aujourd’hui. J’aborderai cette question au moment opportun”, a-t-elle expliqué. Mais son entraîneur, Mohamed Chaoua, a précisé que le président Abdelmadjid Tebboune suivait personnellement cette affaire. Le chef de l’Etat “a affirmé que nous ne renoncerons pas à nos droits”, a confié l’entraîneur, tout en soulignant que le retour d’Imane était “un jour (…) de joie” et que les questions judiciaires devaient être abordées dans les instances appropriées.
En France, une enquête a été ouverte. Selon l’avocat d’imane Khelif, Nabil Boudi, l’enquête pénale menée par un pôle spécialisé du Parquet de Paris vise à déterminer “qui a été à l’initiative de cette campagne misogyne, raciste et sexiste” et “devra aussi s’intéresser à celles et ceux qui ont alimenté ce lynchage numérique.”
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