Elodie est morte le 4 juillet 2020, éjectée d’un manège en marche. La jeune femme de 32 ans était venue, avec son compagnon, fêter l’anniversaire de leur fils de deux ans au Parc Saint-Paul, un parc d’attractions situé près de Beauvais. En début d’après-midi, la petite famille a pris place à bord de montagnes russes baptisées « Coaster Formule 1 », inspiré de voitures de course.
Selon les témoignages, Elodie, assise à l’avant, a basculé par-dessus la barrière de sécurité dans un virage, se retrouvant sur le capot de la voiture. Son compagnon l’a retenu par le pied avant qu’elle ne soit éjectée lors d’un autre virage violent. Malgré l’intervention des secours, Elodie est décédée en quelques minutes après sa chute.
Une barre de sécurité meulée
Après quatre ans d’enquête et d’instruction du dossier, Gilles Campion, propriétaire du parc et neveu du « roi des forains » Marcel Campion, sera jugé devant le tribunal correctionnel pour « homicide involontaire », aggravé par la circonstance de « violation manifestement délibérée d’une obligation particulière de prudence ou de sécurité », indique Le Parisien. Le juge d’instruction a ainsi suivi les réquisitions du parquet, mais la date du procès n’a pas encore été fixée.
Gilles Campion est accusé, dans cette affaire, d’avoir porté atteinte à la sécurité du manège. Les gendarmes de la section de recherches d’Amiens ont ainsi noté qu’il avait meulé le premier cran de sûreté de chaque barre de sécurité, afin de restreindre l’accès au manège aux personnes de forte corpulence et d’éviter qu’un passager ne puisse se mettre debout. Il a également retiré des ceintures qu’il avait pourtant lui-même installées suite à un précédent accident mortel sur ce manège en 2009.
Jusqu’à cinq ans de prison et 75.000 euros d’amende
Or, selon les experts, « l’accident mortel est la conséquence d’une éjection de la victime, suite à son maintien insuffisant dans son siège, du fait d’une barre de sécurité inadaptée à sa morphologie », explique Le Parisien. Et les ceintures auraient pu la sauver, puisqu’elles « jouaient un rôle de maintien au niveau du bassin et que l’accident n’aurait pas eu lieu si elles n’avaient pas été retirées ».
Par ailleurs, l’enquête révèle que les modifications apportées par Gilles Campion au manège ont été faites lors du confinement, entre mars et juin 2020, juste après le passage, en février 2020, de l’organisme chargé des contrôles de sécurité des manèges, la Socotec, qui avait alors validé le bon fonctionnement du manège. Or, une modification telle que l’a apportée Gilles Campion aurait dû être signalée et donner lieu à un nouveau contrôle. Concernant le meulage du cran de sécurité, un ingénieur de la Socotec a d’ailleurs estimé qu’il pouvait « engendrer une fragilisation de la structure ».
Elodie est décédée quelques jours après la réouverture du parc. Gilles Campion, dont la responsabilité avec été écartée en 2009 mais condamné en 2005 après deux accidents occasionnant des blessés sur ce même manège, encourt jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende.