L’influent entraîneur de slalom et ancien champion du monde de canoë-kayak Jean-Yves Prigent a été condamné vendredi à quatre ans de prison, dont un an avec bracelet électronique et trois ans avec sursis probatoire, pour deux agressions sexuelles sur mineurs de plus de quinze ans.
“J’ai honte de moi.” Ému à la barre, l’influent champion de canoë-kayak français Jean-Yves Prigent a été condamné à quatre ans de prisons vendredi pour deux agressions sexuelles sur mineurs de plus de quinze ans. Dans le détail, la peine prononcée par le tribunal correctionnel de Rennes se décompose de la façon suivante: un an avec braceletet électronique et trois ans avec sursis probatoire.
Âgé de 70 ans, cet entraîneur breton, l’un des rares dans la discipline du slalom, a reconnu vendredi devant le tribunal correctionnel de Rennes ces deux agressions, avouant avoir “caressé le sexe” de deux adolescents qu’il entraînait et qui dormaient, à son invitation, sur la même couchette que lui dans son camping-car.
Ces faits, qui se sont produits au cours de deux nuits successives en mars, en marge d’une compétition de kayak à Châteauneuf-sur-Cher (Cher), ont été reconnus par M. Prigent, figure incontournable du petit monde du kayak français.
“J’ai des regrets et des remords au quotidien”, a répété lors de l’audience le prévenu, père de Camille Prigent, vice-championne d’Europe de cette discipline et qui participera aux Jeux Olympiques cet été.
“Cinquante ans de militantisme auprès des jeunes (kayakistes) qui s’effondrent en deux soirées (…) C’est ça qu’on va retenir de moi”, a-t-il déploré, sans offrir d’explication à ses gestes, évoquant “la honte” face à “cette sortie de route”.
Le tribunal a suivi les réquisitions du ministère public, condamnant M. Prigent à quatre ans d’emprisonnement, un an avec bracelet électronique et les trois autres avec sursis probatoire.
L’entraîneur a également l’interdiction d’exercer une quelconque activité “impliquant un contact avec des mineurs”, d’entrer en relation avec les victimes mais aussi de “paraître au Kayak club de Rennes et au Pôle France Kayak de Cesson-Sévigné”, près de Rennes.
Une peine “nécessaire” mais “particulièrement sévère”, a réagi après l’audience l’avocate de M. Prigent, Me Cassandre Férard, qui avait rappelé au tribunal qu’une expertise psychologique établissait la “non-dangerosité” de la personnalité du prévenu.
La justice “a souhaité taper fort, puisqu’on est dans le cadre du monde du kayak, du monde sportif, avec des agressions sexuelles sur mineurs”, a-t-elle dit, indiquant que son client ne fera pas appel.
L’avocat des parties civiles, Me Thomas Serrand, a dénoncé quant à lui un “processus d’emprise (…) bien rôdé”, réfutant la thèse du prévenu selon lesquelles ces agressions sexuelles ont été “des actes isolés”.
“La crainte (des victimes) c’est d’être ostracisé” dans leur sport, a-t-il regretté, appelant la Fédération française du Canoë-Kayak à “soutenir davantage” ces jeunes sportifs “laissés à eux-mêmes après avoir eu le courage de parler”.
M. Prigent “comptait” sur son rôle incontournable dans la discipline “pour pouvoir verrouiller la parole” des victimes, a insisté Me Serrand auprès de l’AFP.
Ces agressions sexuelles sont “le point d’orgue d’un processus qui avait commencé bien avant”, a-t-il assuré, citant notamment des invitations répétées du prévenu aux jeunes qu’il entraînait à dormir dans le même lit dans son appartement et des centaines de messages “déplacés”, comme “Je me couche en pensant à toi”.
“La vérité, c’est qu’il avait une véritable attirance pour les mineurs. Vis-à-vis des parents, il était insoupçonnable.” Dans un communiqué publié vendredi, la Fédération française de canoë-kayak promet qu’elle continuera à “accompagner les victimes dans leur reconstruction avec les associations d’aide aux victimes partenaires et à conforter ses stratégies de prévention dans la lutte contre toutes les formes de violence et de discrimination”.
“Enfin s’agissant de la deuxième instruction en cours, la FFCK se réserve par ailleurs le droit d’engager de nouvelles procédures disciplinaires si elles s’avèrent nécessaires et de tirer tous les enseignements utiles à la lutte contre ces violences et à la protection de ces membres”, ajoute-t-elle.
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