Plus de trois ans après les faits, l’heure du verdict approche. L’artiste russe Piotr Pavlenski et sa compagne Alexandra de Taddeo sont jugés à Paris ce mercredi pour atteinte à l’intimité de la vie privée. Le 14 février 2020 au matin, le candidat LREM (aujourd’hui Renaissance) à la mairie de Paris Benjamin Griveaux annonce à l’AFP l’abandon soudain de sa campagne, au lendemain de la présentation de son programme, fustigeant des « attaques ignobles mettant en cause (sa) vie privée ». Le soir du 12 février, deux vidéos intimes ont été publiées sur un site baptisé « Pornopolitique » dont le lien est relayé sur les réseaux sociaux, accompagnées d’un texte signé Piotr Pavlenski.
L’artiste russe, connu pour des « performances » extrêmes en Russie et réfugié en France depuis 2017, revendique cette action d’ « art politique », visant à dénoncer « l’ hypocrisie dégoûtante » d’un homme qui « fait la propagande des valeurs familiales traditionnelles ».
L’ex-ministre porte plainte, une instruction est ouverte et, le 18 février, l’artiste ainsi que sa compagne sont mis en examen. Mercredi, les deux prévenus, âgés respectivement de 39 et 32 ans, seront à la barre, soupçonnés d’avoir enregistré et diffusé ces images. Benjamin Griveaux, 45 ans, qui a peu à peu abandonné sa carrière politique pour l’entrepreneuriat, ne sera pas présent. Les images montrant un homme non identifié en train de se masturber avaient été montées avec des captures d’écran de messages. Elles avaient été reçues par Alexandra de Taddeo lors d’une brève relation avec Benjamin Griveaux entre mai et août 2018.
Elle affirme que Piotr Pavlenski, qu’elle a rencontré fin 2018, les a diffusées à son insu. Les juges d’instruction ont au contraire retenu son « implication directe », au regard notamment du soutien financier d’une association, qu’elle présidait, au site « Pornopolitique ». En Russie, Pavlenski a réalisé plusieurs « évènements d’art politique » : il s’est cousu les lèvres en soutien au groupe contestataire Pussy Riot, cloué les testicules sur la place Rouge et il a mis le feu à l’une des portes du siège historique des services de sécurité russes.