- Mercredi, peu avant 17 heures, rue Saint-Jacques, une explosion suivie d’un incendie a provoqué l’effondrement d’un bâtiment du XVIIe siècle. Une cinquantaine de victimes ont été recensées, dont six personnes qui se trouvaient ce jeudi matin toujours en urgence absolue.
- Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour « blessures involontaires par violation manifestement délibérée d’une obligation de prudence ou de sécurité ». La police judiciaire est saisie des investigations.
- Plusieurs témoins ont indiqué avoir senti une forte odeur de gaz avant d’entendre l’explosion. L’hypothèse d’une fuite de gaz est, pour l’instant, « privilégiée, mais ce n’est pas la seule piste », confie à 20 Minutes une source policière.
Qu’est-ce qui a provoqué le sinistre ? Depuis mercredi soir, les enquêteurs tentent de découvrir les causes de l’explosion qui a soufflé un immeuble de la rue Saint-Jacques, dans le 5e arrondissement de Paris. L’explosion a provoqué un incendie qui a causé l’effondrement de ce bâtiment du XVIIe siècle, bordant la cour d’honneur de l’ancienne abbaye du Val-de-Grâce, qui abritait la Paris American Academy, une école de mode privée. Le bilan est lourd : une cinquantaine de victimes ont été recensées, dont six personnes qui se trouvaient ce jeudi matin toujours en urgence absolue.
Le parquet a ouvert une enquête pour « blessures involontaires par violation manifestement délibérée d’une obligation de prudence ou de sécurité », et confié les investigations au 3e district de police judiciaire. Le travail des policiers s’avère compliqué alors que les secours sont encore à pied d’œuvre pour retrouver une personne portée disparue dans les décombres.
En attendant de pouvoir accéder aux lieux, ils ont commencé à visionner les images des caméras de surveillance et à « entendre des témoins pour savoir ce qu’il s’est passé et établir une chronologie des faits », nous indique une source proche du dossier. Plusieurs riverains ont confié avoir senti une forte odeur de gaz avant d’entendre la déflagration. Cette hypothèse d’une fuite de gaz est, pour l’instant, « privilégiée, mais ce n’est pas la seule piste », confie à 20 Minutes une source policière.
Traces de substances et de combustion
Pour les aider dans leur enquête, les policiers peuvent compter sur l’aide des agents de l’identité judiciaire et de ceux du laboratoire central de la préfecture de police de Paris. Ces derniers sont chargés de recueillir des indices dans les décombres et de les analyser. La tâche est d’autant plus complexe que les lieux ont entièrement brûlé et ont été aspergés d’eau par les pompiers.
Dans ce type d’affaire, pour déterminer la source d’une explosion, les enquêteurs commencent par analyser son « profil » en étudiant les vidéos des caméras de surveillance, nous explique Guillaume Groult, secrétaire national adjoint du Snipat, un syndicat des personnels scientifiques de la police. « L’état dans lequel on va trouver la structure donne aussi des indices sur l’épicentre de l’explosion. On recherchera aussi des traces de substances susceptibles de provoquer des explosions, et des traces de combustion de substance, comme du gaz, ajoute-t-il. Mais si l’immeuble est alimenté en gaz naturel, on s’attend à ce qu’il y ait combustion de gaz. La question est de savoir si elle a provoqué l’explosion. »
Une enquête longue et compliquée
Selon Guillaume Groult, « il y aura certainement aussi des études d’infrastructures, ce qui n’est pas du domaine de la police scientifique mais de l’expertise civile ». L’objectif est « d’étudier, par exemple, l’état de l’arrivée de gaz sur ce site, de repérer d’éventuels signes de vétusté ou de faiblesse. On effectuera également des recherches pour voir si dans le passé, il existait des signes préfigurateurs ».
L’enquête s’avère donc compliquée et longue. La preuve ? Quatre ans après l’explosion de l’immeuble de la rue de Trévise (9e), les investigations sont toujours en cours pour déterminer les causes du drame dans lequel quatre personnes, dont deux pompiers, ont perdu la vie. Le dossier doit connaître une nouvelle étape judiciaire le 30 juin, avec la remise très attendue aux magistrats instructeurs d’une contre-expertise sur les origines du sinistre.