- Un immeuble s’est effondré après une explosion dans le 5e arrondissement de Paris, tout près de l’église du Val-de-Grâce.
- Un dernier bilan fait était de 25 blessés, dont 4 en urgence absolue.
- La cause de l’explosion n’est pas encore connue, mais de nombreux habitants ont été délogés par les pompiers pour éviter le même phénomène qu’à Marseille, quand un premier effondrement avait entraîné la chute des immeubles voisins.
« J’ai eu l’impression d’être prise dans un gigantesque tremblement de terre… » Il était près de 17 heures quand une explosion a retenti dans la rue Saint-Jacques (5e arrondissement de Paris). Estelle, 27 ans, marchait rue du Val-de-Grâce lorsque la détonation l’a comme « figée sur place ». Cela fait déjà une heure que l’immeuble du 277, rue Saint-Jacques s’est en partie effondré sous le souffle, mais la jeune femme qui travaille sur le boulevard de Port-Royal, en tremble encore. A son image, c’est tout quartier qui est sous le choc. Journalistes, badauds et riverains rôdent tout autour du périmètre de sécurité dressé par la police.
« Mes vitres se sont ouvertes brusquement, elles ont claqué »
« J’ai entendu qu’il y aurait des disparus ? » interroge une femme qui attend derrière le cordon de sécurité. Le policier face à elle ne semble pas en savoir plus qu’elle. Laurent Nunez, préfet de police de Paris, accompagné d’Anne Hidalgo, vient de s’exprimer devant les micros tendus. Premier bilan : 16 victimes dont 7 sont en urgence absolues. Des chiffres qui vont rapidement évoluer au cours de la soirée.
« Je ne serais pas étonnée qu’il y ait des personnes disparues, commente Monique, 80 ans qui était dans son logement de la rue Pierre Nicole au moment de l’explosion, mes vitres se sont ouvertes brusquement, elles ont claqué. Heureusement, c’est du double vitrage, elles n’ont pas explosé. Ce n’est pas le cas des boutiques de la rue qui sont tombées. »
Pour Monique qui a vécu dans des pays en guerre, l’explosion a fait remonter des angoisses enfouies. Des angoisses que Kathy a ressenti. En regardant un camion de la protection civile Paris Seine sortir de la zone, les gyrophares allumés, elle confie avoir eu la « peur de sa vie » : « Mon fils de 3 ans est chez sa nounou, tout en haut de la rue Saint-Jacques. Un collègue m’a parlé de l’explosion. Mon cœur s’est arrêté. Le temps d’arriver à mon bureau et j’ai vu qu’elle m’avait envoyé un message pour me rassurer. »
La nourrice et son fils vont bien, ils ont été évacués par les pompiers en même temps que tout l’immeuble. « Je n’en peux plus d’attendre, j’ai hâte que les policiers me laissent passer pour retrouver mon fils. » De nombreux habitants ne pourront pas rejoindre leur logement cette nuit : si l’incendie a été rapidement maîtrisé, il faut attendre pour savoir si les immeubles adjacents n’ont pas été fragilisés par l’explosion.
« ça ressemblait bien à une explosion de gaz »
Parmi les voisins rassemblés, toutes les hypothèses sont un temps évoquées, un attentat, une « boule de feu »… Ils sont vite ramenés à la raison par Laure Beccuau, procureure de Paris, qui annonce que l’enquête a été confiée à la Direction régionale de la police judiciaire : « Les investigations débutent dans le cadre d’une procédure pénale pour blessures involontaires accompagnées de circonstance aggravante de mise en danger délibérée de la vie d’autrui. » Selon la magistrate, les caméras de surveillance de la Ville de Paris attestent que l’explosion provient de l’intérieur du bâtiment, la fuite de gaz est l’hypothèse privilégiée.
L’origine de l’explosion sera sans doute confirmée dans les heures ou les jours qui viennent. Pour le moment, reste l’angoisse. Le nombre des blessés est officiellement monté à 25, dont 4 en « urgence absolue ». Un camion de la Croix-Rouge transportant une personne blessée passe. La rumeur d’une ou plusieurs personnes encore portées disparues se répand rapidement.
« On ne peut pas le confirmer pour le moment. Nous procédons à une levée de doute, on s’assure qu’il ne reste personne dans les décombres », précise un porte-parole de la préfecture de police, avant d’être démenti par le parquet : il y a bien deux personnes disparues en début de soirée. Au même moment, les agents de police réduisent le périmètre de sécurité et laissent passer les riverains qui peuvent montrer leur adresse. « Je vais voir si j’ai encore des vitres », souffle un homme avant de se lancer dans le boulevard de Port-Royal.