Des peines allant jusqu’à cinq ans d’emprisonnement dont deux avec sursis et mise à l’épreuve ont été requises vendredi pour deux militants présumés de l’ultradroite, soupçonnés avec cinq autres prévenus d’agressions racistes à Lyon lors de la Coupe d’Afrique des Nations de football en 2019.
Quatre prévenus étaient poursuivis devant le tribunal correctionnel de Lyon pour des violences racistes, dont deux en état de récidive. « Ces comportements sont l’antithèse parfaite et absolue de toutes les valeurs qui fondent notre société », a lancé la procureure Céline Cuny, dénonçant « ces artisans de la fracture sociale ».
Des agresseurs armés de barre de fer et de battes de baseball
Agés de 22 à 34 ans, sept hommes sont soupçonnés d’avoir participé à des agressions le 19 juillet 2019 au soir, dans le centre de Lyon, après la victoire de l’Algérie en finale de la CAN. Ils ont été identifiés parmi un groupe d’une trentaine de personnes, incitées par la mouvance d’ultradroite à s’en prendre à des supporteurs de l’Algérie. Plusieurs étaient armés de barres de fer et de battes de baseball.
Le groupe s’en est surtout pris à des familles circulant en voiture. Des mères ont ainsi livré à la barre des récits glaçants du déchaînement de violence, alors que leurs enfants étaient dans leur véhicule.
« C’était une ratonnade comme il y en a beaucoup à Lyon »
Afeffe B., 42 ans, a raconté comment un individu muni d’un brassard lui a fait croire à un contrôle policier, avant que le groupe ne se rue sur sa voiture, dans laquelle trois amies avaient pris place « pour un soir de fête ».
« Ils attendaient leurs proies, c’était bien organisé » a-t-elle expliqué. Pare-brise et vitre explosés, insultes racistes : « J’ai eu l’impression de vivre un cauchemar, une mise à mort ». « C’était une ratonnade comme il y en a beaucoup à Lyon », a déclaré une autre mère, « même pas là pour fêter ce match ». Une dizaine de familles ont subi ces violences, selon l’enquête. « Elles ont tenu bon, elles ont fait face, elles ont été fortes », a souligné la procureure.
Les prévenus ont fait profil bas. La plupart affirmant ne faire partie « d’aucun groupe » et nié les violences. Certains portaient des tatouages aux références identitaires, d’autres étaient abonnés à un groupe d’ultras de l’Olympique lyonnais. « J’ai quitté l’ensemble de la mouvance active et idéologique, pour moi c’est fini », a prétendu Jérôme B, 27 ans, chez qui les enquêteurs ont retrouvé des objets à connotation nazie.
Le délibéré est attendu le 7 juillet.