Sale temps pour l’IHU. Après la publication d’une tribune signée par plusieurs scientifiques qui fustigent les pratiques de l’institut dirigé jadis par Didier Raoult, l’établissement fait l’objet depuis ce matin d’une perquisition, a appris 20 Minutes Marseille de sources concordantes, confirmant une information du Journal du Dimanche.Cette perquisition a été menée par les gendarmes de l’office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp). « Ça se passe très bien », a commenté auprès de l’AFP le secrétaire général de l’IHU, Camille Grosso. Contactée par 20 Minutes Marseille, la procureure de la République Dominique Laurens précise que cette perquisition « en cours » se fait « dans le cadre de l’information judiciaire en cours ouverte l’an dernier. »« Faux en écriture »Le professeur Raoult, qui avait acquis la célébrité médiatique en tenant des positions, aujourd’hui discréditées, sur le Covid-19, notamment l’efficacité supposée de traitements comme l’hydroxychloroquine, a publié en mars un « pre-print », c’est-à-dire une version non relue par des pairs, de son étude sur plus de 30.000 patients Covid.En avril, l’Agence du médicament (ANSM) a estimé que l’utilisation de l’hydroxychloroquine « expose les patients à de potentiels effets indésirables qui peuvent être graves ». Le parquet de Marseille avait ouvert en juillet 2022 une information judiciaire, après un rapport cinglant de l’ANSM, pour « faux en écriture », « usage de faux en écriture » et « recherche interventionnelle impliquant une personne humaine non justifiée par sa prise en charge habituelle ». L’ANSM avait réalisé alors une série de signalements en octobre 2021 et mai 2022. A ce stade de l’information judiciaire, il n’y a pas eu de mise en examen, avait précisé le parquet de Marseille à l’AFP fin mai.Dans un communiqué de presse, le parquet de Marseille précise que l’information judiciaire, centrée jusqu’ici à trois recherches interventionnelles impliquant une personne humaine, a été élargie lundi « quatre autres recherches » qui auraient été menées « sans obtention de l’avis du comité de protection des personnes et de l’autorisation de l’ANSM. » « Cette information judiciaire n’englobe pas les faits relatifs à la prise en charge thérapeutique de la tuberculose et de la Covid-19 », ajoute le parquet.Le ministre de la Santé menace l’IHU de nouvelles sanctionsLe ministre de la Santé a souligné mercredi au Sénat que « la justice suit son cours » sur les dérives de l’IHU de Marseille à l’ère Raoult, et brandi la menace de sanctions contre les signataires d’une étude dénoncée comme un gigantesque essai clinique illégal.« Devant cette proposition de publication qui s’apparente à de la provocation », avec des patients « traités à l’IHU en dehors de tout cadre d’expérimentation clinique et d’utilisation des médicaments puisque utilisés hors autorisation de mise sur le marché, nous serons amenés à prendre, avec Sylvie Retailleau (Enseignement supérieur et Recherche), toutes les mesures nécessaires envers l’ensemble des signataires », a-t-il conclu.SociétéCovid-19 : Tout savoir sur la nouvelle « affaire Didier Raoult » (et les anciennes)MarseilleMarseille : Des médecins dénoncent un essai thérapeutique « sauvage » du Pr Raoult