Condamnée à 15 ans de prison dans l’Affaire d’Outreau, Myriam Badaoui est sortie de prison. Mais elle y est retournée pour une autre affaire, qui l’a menée derrière les barreaux.
Myriam Badaoui est l’un des protagonistes principaux de l’affaire d’Outreau. En décembre 2000, les quatre enfants de cette femme et de son mari, Thierry Delay, les ont accusés de violence sexuelle. Depuis leur famille d’accueil, tous décrivaient des actes de viols commis par leurs parents, qui vivaient à Outreau, dans le Pas-de-Calais. Arrêtée, Myriam Badaoui avait dénoncé six suspects, condamnés pour attouchements et viols d’enfants, avant de se rétracter face à la justice. Après une enquête fleuve, notamment menée par le juge Fabrice Burgaud, dix-sept personnes ont comparu devant la cour d’assises de Saint-Omer en mai 2004. Parmi eux, sept sont acquittées, dix sont condamnées et douze enfants sont reconnus victimes. En 2005, six adultes ont fait appel et ont été acquittés. Quatre ont été condamnés.
C’est notamment le cas de Myriam Badaoui, condamnée à 15 ans réclusion criminelle pour viols, agressions sexuelles, proxénétisme et corruption de mineurs. En 2011, elle a quitté la prison des femmes de Rennes où elle a été incarcérée 10 ans pour rejoindre un centre d’accueil dans la même ville. “Cette affaire, j’y pense tous les jours, confiait-elle à la barre de la cour d’assises des mineurs. Mais j’ai pu me reconstruire. Je suis quelqu’un de différent. Le juge Burgaud était devenu un ami. Il me mettait sur un piédestal dès qu’il était satisfait de mon témoignage. Sinon, il tapait du poing sur la table. Pour la première fois de ma vie, on me donnait de l’importance.” Sortie de prison, Myrian Badaoui a de nouveau été condamnée en 2019. Cette fois-ci, elle a écopé de huit mois d’emprisonnement pour “vol” et “falsification de chèques”.
Selon Ouest-France, la mère incestueuse avait expliqué “perdre les pédales” depuis un an : “Je ne trouve pas ma place dans le monde extérieur. Mon nom est un obstacle. La prison a été ma maison. J’y ai fait mes premiers pas : des formations, un travail”. Condamnée à un suivi socio-judiciaire de 10 ans, Myriam Badaoui a manqué plusieurs rendez-vous au service pénitentiaire d’insertion et de probation. “Je ne trouve pas ma place dans le monde extérieur, mon nom est un obstacle. Je garde pourtant l’espoir de m’en sortir, mais parfois je pense que la prison est ma maison”, lançait-elle au tribunal. Son avocate prenait alors la parole : “Son nom a des incidences sur tous les efforts qu’elle fait pour s’intégrer. Elle est du coup extrêmement isolée. Elle a d’ailleurs entamé une procédure pour changer de nom”. Depuis, Myriam Badaoui se fait extrêmement discrète.