Il répond avec force détails mais « n’explique pas » sa « barbarie ». Aux assises des Yvelines, un retraité de 70 ans a livré mercredi un long récit du meurtre de sa compagne, dont le corps avait été retrouvé démembré et calciné dans un bois en 2017. Le 31 août 2017, des morceaux de corps brûlés avaient été découverts sur un chemin pédestre de Vernouillet, à une quarantaine de kilomètres à l’ouest de Paris.Il faudra près de deux ans aux enquêteurs pour les identifier en mai 2019 : la victime est une femme de 67 ans, signalée disparue par son compagnon le 16 octobre 2017. Le jour du crime, elle était « partie dans une phase délirante », affirme l’accusé, et aurait tenté de l’étrangler lors d’une « échauffourée ». Il dit avoir alors « saisi sa gorge » en retour. « Puis je ne sentais plus son souffle (…) J’ai eu un moment de sidération. Je n’ai pas appelé le Samu. Je n’ai pas fait les gestes de premiers secours », poursuit-il.« Avez-vous pensé à appeler la police ? », interroge la présidente. « Je ne supportais pas de perdre l’estime de ma famille. J’ai fait un choix, j’ai fait le mauvais choix. (…) Le choix de faire disparaître le corps de ma compagne », répète Philippe Marchand.« Opération horrible »L’accusé a expliqué avoir utilisé un couteau et une scie pour démembrer le corps de la victime, « une opération horrible qui a duré presque quatre heures », raconte-t-il. Philippe Marchand soupire, dit ses « remords ». « Ça m’a beaucoup choqué ce que j’ai fait. Je n’ai jamais été violent, j’ai toujours été respectueux, surtout envers les femmes. Je n’explique pas cette barbarie. »En pull noir dans le box, la main agrippée au micro, l’ancien chauffeur de taxi a longuement raconté la relation amoureuse qu’il entretenait depuis fin 2015 avec cette femme « gentille » et « élégante », dont il était « tombé sous le charme immédiatement », après la soirée libertine au cours de laquelle il avait fait sa connaissance.Ils avaient emménagé ensemble quelques mois plus tard. « C’était idyllique les premières semaines et puis ça a très vite dégénéré, du fait de son comportement », explique l’accusé, qui la décrit comme « très jalouse » et souffrant de « troubles hystériformes ». « Hystérique ? Non. J’ai toujours pensé qu’elle était dépressive », avait affirmé dans la matinée le fils de la victime, interrogé sur ce terme par la cour.« Récidives dépressives »Plusieurs fois hospitalisée, la sexagénaire souffrait de « récidives dépressives », selon un expert. Lundi à la barre, une policière avait raconté que l’accusé, après avoir signalé la disparition de sa compagne, avait appelé plusieurs fois son service pour s’informer sur les suites de l’enquête. Marchand a par ailleurs reconnu avoir envoyé des SMS depuis le téléphone de la victime à lui-même et à des membres de sa famille, après son décès.Le retraité est aussi soupçonné d’avoir utilisé pendant plus d’un an les comptes bancaires de la victime, desquels plus de 28.000 euros ont été débités. Un ami de l’accusé, qui le fréquentait « depuis 60 ans », avait décrit lundi un homme qui aimait depuis sa retraite « changer de femme, avoir des relations extraconjugales ». Il avait ajouté avoir été, au moment de son arrestation, « surpris et horrifié des faits ».D’après l’enquête, Philippe Marchand entretenait une relation avec une autre femme à partir de juillet 2016. Se disant à plusieurs reprises « amoureux » de la victime, il a par ailleurs expliqué que celle-ci voulait l’« accaparer ». Le verdict est attendu vendredi.JusticeMeurtre de Salomé à Cagnes-sur-Mer : La perpétuité requise contre l’accusé du féminicideFaits diversUne femme poignardée à Metz, ouverture d’une enquête pour « tentative d’assassinat »