Quand il était enfant, les médecins avaient affirmé que Jason Arday aurait besoin toute sa vie d’un soutien, et devrait résider dans une maison de vie spécialisée. Cependant, l’homme de 37 ans vient de leur donner tort.
Il avait 11 ans quand il a pu prononcer ses premiers mots, 18 ans lorsqu’il a pu apprendre à lire et à écrire. Désormais, Jason Arday vient d’être nommé professeur de sociologie de l’éducation à la Faculté de l’éducation de l’Université de Cambridge.
Un des plus jeunes enseignants
C’est une première, et sur de multiples aspects. En mars 2023, Jason Arday vient d’intégrer la prestigieuse Université de Cambridge en tant que professeur. Il est, à 37 ans, l’un des plus jeunes enseignants. « Mon travail se concentre principalement sur la façon dont nous pouvons ouvrir des portes à davantage de personnes d’horizons défavorisés et à démocratiser vraiment l’enseignement supérieur » indiquait-il au journal Mirror. « J’espère qu’être dans un endroit comme Cambridge me fournira l’effet de levier pour diriger ce programme à l’échelle nationale et mondiale » ajoutait-il.
Défier les diagnostics
Être nommé à ce poste n’a pas été, pour Jason, une évidence. Enfant, il reçoit un diagnostic de retard de développement affectant notamment sa capacité à parler, lire et écrire. Jusqu’à ses 11 ans, Jason s’exprime uniquement en langue des signes et ce n’est que plus tardivement qu’il arrive à apprendre la lecture et l’écriture. A 27 ans, le jeune homme écrit sur un mur de sa chambre, chez ses parents : « Un jour, je travaillerai à Oxford ou à Cambridge ». « J’étais déterminé et concentré. Je savais que ce serait mon objectif. A la réflexion, c’est ce que je voulais faire » commentait-il.
Un douloureux apprentissage
Jason commence par écrire dans des journaux universitaires mais, sans mentor ni personne lui montrant comment écrire, il voit ses propositions violemment rejetées. « Le processus d’examen par les pairs était si cruel, c’était presque drôle. Je l’ai traité comme une expérience d’apprentissage et perversement, j’ai commencé à en profiter » relevait-il. Dans la journée, il travaille comme professeur, la nuit, il écrit des articles et étudie. Il décroche finalement un doctorat en études éducatives de l’Université de Liverpool John Moores.
Une carrière littéraire
En 2015, tout en préparant son doctorat, Jason en profitait pour co-éditer un rapport révolutionnaire pour le Runnymede Trust, « Aiming Hight », sur les inégalités raciales et ethniques dans les universités britanniques. En 2018, il publie son premier papier seul. La même année, il obtient une conférence senior l’Université de Roehampton avant de passer à l’Université de Durham, où il devient professeur agrégé de sociologie. Jason poursuit en parallèle une carrière à la la School of Education de l’Université de Glasgow, ce qui fait de lui, à l’époque, l’un des plus jeunes professeurs du Royaume-Uni. Aujourd’hui, fier d’être l’un des 155 professeurs universitaires noirs sur les 23 000 que comptent le pays, Jason continue d’écrire sur l’expérience des étudiants noirs dans l’éducation et les impacts à long terme de la discrimination raciale dans l’éducation. Il est également auteur d’œuvres explorant les racines du racisme structurel dans l’enseignement supérieur, et le phénomène « Cool Britannia » des années 1990 du point de vue de la minorité ethnique.