« Tout se passait normalement jusqu’à ce qu’un élève se lève et plante un grand couteau dans la poitrine de la prof d’espagnol, il était très calme. » Ce mercredi, en début d’après-midi, Inès est revenue avec sa mère devant son établissement après avoir assisté à l’agression mortelle de son enseignante. C’est là, dans le lycée privé catholique Saint-Thomas d’Aquin de Saint-Jean-de-Luz (Pays basque), qu’à 9h45, une prof d’espagnol a été poignardée par un élève de seconde, en plein cours. « Quand j’ai levé la tête, il était déjà debout avec le couteau. Tout s’est passé en quelques secondes », résume encore à 20 Minutes la jeune élève de seconde.L’enseignante âgée de 52 ans est décédée peu de temps après son agression, un choc pour les élèves de cet établissement réputé très calme et pour l’ensemble des quelque 15.000 habitants de cette ville de la côte basque. Ce mercredi après-midi, nombreuses sont les mamans qui refusent d’un hochement de tête les (nombreuses) sollicitations des médias postés devant le lycée catholique. Derrière elles, les élèves ne passent plus le portail en plaisantant avec leurs copains, mais en serrant fort la main de leurs parents, la mine pâle.C’était « impensable dans un lycée comme ça »Inès, elle, raconte avoir été tétanisée et que c’est l’un de ses camarades de classe qui a eu le réflexe d’ouvrir une porte au fond de la classe, qui communiquait avec une autre salle de cours. Pris de panique, les élèves se sont enfuis par cette porte. « Je suis passée par le portail du bas. Le papa d’une copine m’a ramenée à la maison », raconte encore l’élève franco-espagnole. De l’agresseur, âgé de 16 ans, la jeune fille ne connaît pas grand-chose : « je ne le connais pas plus que ça, il était juste en espagnol avec moi. Je n’arrive pas vraiment à réaliser ce qui s’est passé. Je ne pensais jamais vivre ça. »Hugo, élève de 15 ans, n’était pas présent durant l’agression mortelle. Il confie être cependant « encore sous le choc », précisant que c’était « impensable dans un lycée comme ça ». Quant à cet élève de 16 ans, il n’était pas dans ce cours d’espagnol et il avoue, les dents serrées, s’inquiéter pour sa copine. Cette dernière fait partie des élèves des deux classes qui ont été confinées à l’étage où s’est déroulé le drame. La jeune femme et quelque 90 autres élèves (ceux des deux classes confinées et ceux de la classe d’espagnol) ont commencé à être pris en charge par la cellule psychologique mise en place dès ce mercredi matin.Hugo, 15 ans, estime que ce qui s’est passé dans son lycée, le meurtre d’une enseignante par un élève était « impensable » dans cet établissement. Il se dit « sous le choc ». #Saint_Jean_de_Luz pic.twitter.com/SA7MKG7Fit— 20minutesbordeaux (@20minutesbord) February 22, 2023
Mais l’émoi va bien au-delà de l’enceinte de Saint-Thomas d’Aquin. Ainsi, Emilie est elle aussi « choquée ». Cette mère de famille de 42 ans est venue devant le lycée de Saint-Jean-de-Luz avec son fils, scolarisé sur Biarritz, déposer une rose blanche : « On n’est pas habitués ici, on est préservés de tout. A Biarritz, les gens ne parlent que de ça, quand je pense que des enfants ont assisté à ça. »« Un drame d’une exceptionnelle gravité »Le ministre de l’Education Pap Ndiaye et Stanislas Guerini, ministre de la Fonction publique, ont fait le déplacement. Ils évoquent un « drame d’une exceptionnelle gravité qui a ému la France entière ». Les deux politiques ont fait part de leur émotion et ont témoigné leur solidarité auprès de la communauté éducative. Une communauté éducative forcément bouleversée dont quelques professeurs croisés par hasard dans les couloirs du lycée privé ont les yeux humides. Les qualités professionnelles de la victime ont été saluées par le ministre de l’Education, qui a parlé d’un « exceptionnel dévouement au service des élèves ». La rectrice de l’académie de Bordeaux Agnès Bisagni-Faure a évoqué un esprit collectif solide entre les enseignants, « une vraie force pour l’établissement ».Tout savoir sur le drame de saint-jean-de-luz« On laisse d’abord se décanter l’immédiateté du drame. Et sur le plan spirituel, on va ensuite organiser des temps de prière pour permettre à tous de se rassembler. Je l’ai dit aux professeurs tout à l’heure, qui sont très choqués de la perte de leur collègue », glisse à 20 Minutes Marc Aillet, évêque de Bayonne.Une enquête a été ouverte pour assassinat, a annoncé de façon lapidaire le procureur de Bayonne, Jérôme Bourrier, qui donnera une conférence de presse demain, jeudi. A Saint-Jean-de-Luz, la matinée sera banalisée pour la prise en charge des élèves. Une minute de silence aura lieu dans tous les établissements scolaires ce même jour à 15 heures, en hommage à la victime. Quant au suspect, non connu des services de police et âgé de 16 ans, il a été placé en garde à vue.Faits diversEnseignante poignardée à Saint-Jean-de-Luz : « Piste psy », panique et garde à vue… Le point sur l’agression mortelleFaits diversSaint-Jean-de-Luz : Une enseignante décède après avoir été poignardée par un lycéen