Elisabeth Borne a fait des confidences bouleversantes sur son père, lors d’un dîner organisé ce lundi 13 février. La première ministre a évoqué sa déportation à Auschwitz.
Elisabeth Borne était âgée de seulement onze ans lorsqu’elle a vécu une véritable tragédie. En 1972, son père Joseph Borne a mis fin à ses jours. “Il y a des dates qui marquent un destin. Pour mon père, mais en réalité pour toute ma famille, c’est le 25 décembre 1943“, a-t-elle débuté lors d’un dîner organisé ce lundi 13 février à Paris. Celui-ci avait pour but d’évoquer l’importance de la lutte contre l’antisémistime et Elisabeth Borne a souhaité évoquer son histoire de famille. Ce 25 décembre 1943, Joseph Borne est “arrêté par la Gestapo , avec mon grand-père et mes oncles“, s’est-elle d’abord souvenue. “Puis ce furent les wagons plombés, les ordres, les coups, les humiliations. Drancy, Auschwitz“, a-t-elle poursuivi avant d’ajouter : “Ils étaient 1.250 au départ. Six sont revenus“. Parmi ceux qui ont survécu, certains sont “parvenus à réussir à garder le goût de l’espérance et la foi dans la vie. D’autres non. Je ne le sais que trop bien“, a indiqué la première ministre, bouleversée. En effet, son père faisait partie des survivants qui ont eu beaucoup de mal à s’en remettre. “Il avait commencé à parler, jusqu’à ce qu’on lui dise qu’il valait mieux se taire. Certains ont voulu poser une chape de silence sur le passé“, a regretté Elisabeth Borne avant de déclarer que son père lui a tout raconté “dans deux lettres“. Des confidences bouleversantes.
Ce dîner était très important pour Elisabeth Borne, qui souhaitait faire passer des messages importants. Devant près d’un millier d’invités, regroupant des politiques, des artistes, des religieux, des syndicalistes mais aussi des ambassadeurs, la Première ministre a livré un témoignage bouleversant. Elle a notamment rappelé l’importance de “combattre, de toutes nos forces, l’antisémitisme, partout où il se montre, partout où il frappe, partout où il se cache“. Elisabeth Borne a également évoqué son souhait que “chaque élève de France effectue au moins une visite d’un lieu de mémoire au cours de sa scolarité“. Une étape très importante qui permet d’en apprendre davantage sur une partie de l’histoire très souvent mise de côté. Il s’agit d‘une des mesures du plan de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations liées à l’origine pour les années 2023-2026. Pour conclure son discours, Elisabeth Borne a indiqué qu’au cours de l’année 2022, le nombre de faits antisémite a reculé de plus d’un quart. “Ce sont des progrès“, a-t-elle affirmé, appelant à poursuivre les efforts. La Première ministre a aussi plaidé pour la “mise en place d’un dispositif unique, capable d’assurer à la fois le retrait des contenus (haineux en ligne) illicites puis leur traitement judiciaire“, indique 20 Minutes.
La Seconde Guerre Mondiale est une période très compliquée de l’histoire. Quelques rescapés ont pu témoigner au fil des années, racontent leur calvaire et ce qu’ils ont vécu dans les camps de concentration et d’extermination. Pour Joseph Borne, être déporté à Auschwitz-Birkenau a été un véritable enfer. Il se trouvait aux côtés de son frère Isaac et, pendant un an, tous deux sont parvenus à survivre, grâce à leur esprit de solidarité. “On a toujours tout partagé, lui avec moi et moi avec lui parce que moi je le surveillais comme le lait sur le feu“, avait expliqué Isaac lors d’un entretien pour l’Ina. A leur retour en France, il était très compliqué pour Joseph Borne de retourner à une vie normale. En 1972, âgé de seulement 47 ans, il s’est donné la mort en se défenestrant. Selon son frère Isaac, il souffrait d’une certaine culpabilité puisqu’il avait été déporté avec son père et son autre frère, qui n’ont pas survécu. “Coupable de quoi ? Mais je crois que chaque personne, à la mort des siens, se dit toujours, même aujourd’hui : ‘on aurait dû, si j’avais su…‘”, avait conclu Isaac.